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Alexandre Herzen.Les conditions physiques de la conscience. Genève, Stapelmohr, 1886, in-8o, 55 p.

La brochure de M. Herzen est un développement de l’article qui a paru dans la Revue philosophique sous le titre de : La loi physique de la conscience. Il y défend la même loi générale des conditions physiologiques de la conscience qu’il énonce en ces termes : « La conscience est liée exclusivement à la désintégration fonctionnelle des éléments nerveux centraux ; son intensité est en proportion directe avec cette désintégration et, simultanément, en proportion inverse de la facilité avec laquelle chacun de ces éléments transmet à d’autres la désintégration qui s’empare de lui, et avec laquelle il rentre dans la phase de réintégration.

À cette loi se rattachent plusieurs cas secondaires qui sont également formulés par M. Herzen.

I. Dans la moelle épinière : conscience élémentaire, impersonnelle, inintelligente ; maximum chez les animaux inférieurs, minimum chez les animaux supérieurs ; chez ces derniers, à l’état normal, il n’est point fait appel à la conscience spinale… c’est seulement dans le cas de complications expérimentales des conditions, que cette conscience est éveillée, en raison mème de la désintégration étendue et profonde que de telles complications occasionnent ; elle disparaît de nouveau au fur et à mesure que les nouveaux mécanismes s’organisent et se consolident.

II. Dans les centres sensitivo-moteurs : conscience individuelle, perception rudimentaire, germe d’intelligence ; caractère intelligent et volitif des réactions, soumis à des conditions identiques à celles qui gouvernent la conscience spinale, mais avec cette différence que celle-ci (celle des centres moteurs) n’est pas réduite à un mécanisme automatique complet.

III. Dans les centres cérébraux : conscience intelligente, notion claire des rapports de l’individu avec les objets externes, et de ces objets entre eux, d’où résulte le caractère intentionnel, franchement relatif des réactions… contrairement aux deux premières formes de conscience, celle dont il s’agit ici augmente avec le grade zoologique de l’animal, elle atteint son maximum chez l’homme… »

La théorie de M. Herzen sur les conditions de la conscience parait s’accorder parfaitement avec les données de la psychologie générale, c’est aux physiologistes à les discuter au point de vue de la biologie. Autant que j’en puis juger cependant, elle s’accorde aussi avec les lois physiologiques connues. Elle met à sa vraie place l’activité consciente. M. Herzen en a bien vu les conséquences, pour lui, « le processus mental conscient trahit une imperfection de l’organisation cérébrale. » Sa doctrine est plus cohérente et plus nette que celle de Lewes et de Mausdley qu’il combat et qu’il tente de fondre « dans une synthèse conciliatrice ». Mais pourquoi, afin d’éviter l’idée de la réalisation de l’homme automate intellectuel, va-t-il jusqu’à dire : « La réduction de toute l’activité psychique à un automatisme inconscient ne serait possible que si l’évolution organique avait une limite infranchissable,