tentative de centralisation du culte rattachée à ce prince n’eut pas de lendemain.
Cette combinaison, par laquelle on identifiait au Deutéronome le livre qu’on prétend avoir été à l’origine de la réforme de Josias, a obtenu un succès extraordinaire. Tandis que l’on continuait de batailler sur la date à assigner soit au document jéhoviste-prophétique, soit au document élohiste-sacerdotal, il s’était fait une sorte d’accord sur la question d’origine du Deutéronome. On ne doutait plus qu’il ne représentât les idées en cours vers la fin du viie siècle avant notre ère.
Sans s’inquiéter beaucoup de ce consensus, M. d’Eichthal fait valoir les rapports entre la réforme d’Esdras et de Néhémie au ve siècle avant notre ère et notre livre et indique qu’il y pense trouver des raisons suffisantes pour placer la rédaction du Deutéronome aux temps seulement de la Restauration. À cette époque, en effet, se remarque un extrême souci de séparer la race élue de toute alliance avec les éléments étrangers ; cette préoccupation apparaît constamment dans le Deutéronome.
La nature de ce compte rendu ne se prête pas à une discussion approfondie de points aussi spéciaux. Le rôle que l’on assigne d’habitude au Deutéronome est considérable. Il est le pivot des combinaisons de la nouvelle école d’exégèse religieuse en matière législative et littéraire. Si l’on ébranle la date assignée à sa composition, les conséquences peuvent être fort graves. Ainsi on prétend trouver dans le Pentateuque une législation assez brève, dite Livre de l’Alliance (Exode, xxi à xxiii), qui, d’après certains détails, doit être estimée antérieure au Deutéronome. On la tiendrait alors pour contemporaine du document jéhoviste-prophétique et on l’attribuerait au viiie siècle environ avant notre ère, parce que le Deutéronome est placé dans la seconde moitié du viie siècle. Mais si la date du Deutéronome est contestée, tous les morceaux qu’on plaçait à une époque antérieure, sont entraînés, à leur tour, dans un même soupçon. Si le Deutéronome cesse d’être considéré comme une œuvre appartenant aux temps antérieurs à l’exil ou captivité de Babylone, la plupart des résultats acquis pour l’époque ancienne de l’histoire israélite risquent d’être remis en question.
Nous renvoyons à une dissertation spéciale[1] les personnes désireuses de se faire une opinion sur les propositions avancées par M. d’Eichthal ainsi que sur les conséquences qu’entraînerait leur adoption. Nous nous bornons à dire ici que nous donnons notre assentiment à la séparation proposée entre le grand discours homilétique et la Collection des lois ; quant à la date, nous admettons également que le Deutéronome est une œuvre dont l’esprit répond mieux aux temps de la Restauration post-exilienne qu’à l’époque de Josias. Nous avons, d’autre part, dans l’étude à laquelle il a été fait allusion, cherché à déterminer les rapports
- ↑ Une nouvelle hypothèse sur la composition et l’origine du Deutéronome, in-8o, Leroux, 1887.
