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de l’histoire. La tâche du professeur d’histoire des religions n’est pas de faire l’apologie de la religion ou de la combattre ; il ne doit pas davantage faire de la théologie ou de la philosophie. Il doit faire l’étude critique des faits, l’analyse rigoureuse des différents documents religieux et de leur autorité. Pour juger avec impartialité les diverses religions, il faut tenir compte des conditions matérielles et morales qui régissent la vie de leurs adhérents.

Nous ne pouvons refuser une approbation formelle au nouveau professeur quand, constatant que les difficultés de l’étude de l’histoire des religions sont grandes parce que cette étude touche à tous les domaines, il déclare qu’il convient de se garder de synthèses aventureuses. Actuellement, il faut se borner à l’analyse. Mais, même circonscrite de la sorte, la tâche de l’historien des religions est des plus belles. Il apprend à connaître le développement naturel des religions ; ses études lui enseignent la tolérance. Il collabore à l’œuvre de son siècle qui est, par excellence, le siècle de l’histoire. Nous ne saurions trop féliciter M. Labanca de l’esprit de prudente analyse et de sage recherche qu’il apporte dans un enseignement aussi nouveau et aussi délicat. La rencontre entre nos propres propositions et celles dont il a cru devoir prendre la défense, est aussi complète qu’on peut le souhaiter.

Avec M. Piepenbring, pasteur de l’église réformée d’Alsace, nous quittons le domaine des généralités et de la méthode pour aborder l’étude d’une religion spéciale. Il est vrai que cette religion est celle des Hébreux, c’est-à-dire qu’elle est d’une importance hors ligne. Qu’est-ce que la Théologie de l’Ancien Testament[1] ? C’est l’exposé de la religion ou des idées théologiques des Israélites telles que nous les connaissons par la Bible. Il n’existe pas, dans notre langue, d’ouvrage traitant de cette matière en s’appuyant sur les travaux récents de l’exégèse française et étrangère ; le présent livre comble donc une lacune.

Nous avons parcouru le travail du jeune écrivain et nous avons constaté qu’il était fait avec une louable conscience, qu’il répondait ainsi d’une manière satisfaisante aux promesses de son titre et pourrait rendre de sérieux services aux personnes qui désirent une information précise sur les principaux points de la doctrine biblique. Toutefois nous saisirons cette occasion pour faire voir que nous ne saurions tenir pour définitifs un certain nombre de résultats que l’on donne comme acquis à la science. La faute n’en est pas à l’auteur, qui s’est proposé de faire œuvre de rapporteur plutôt qu’il n’a cherché à défendre des vues qui lui soient propres, elle est aux maîtres dont il a suivi les indications avec une confiance excessive. C’est surtout le plan adopté qui appelle les plus sérieuses réserves.

M. Piepenbring, sur la foi de ses guides, s’imagine pouvoir reconstituer l’évolution religieuse chez les anciens Israélites depuis Moïse jusqu’aux environs de l’ère chrétienne, en y marquant trois moments » princi-

  1. In-8o, 315 pages.