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B. PEREZ.l’âme de l’embryon, etc.

impressions visuelles, tactiles et musculaires. Mais je ne réussis pas à me représenter la notion de causalité opérant dans cette circonstance, et sous la forme d’un raisonnement aussi compliqué pour un enfant de cet âge.

L’espace me fait défaut pour indiquer même succinctement les progrès accomplis, après la naissance, par les autres sens, le toucher, le goût et l’odorat. C’est pour une autre raison que je ne m’étendrai guère sur les trente pages que M. Preyer a écrites comme corollaire au développement des sens, sur les « premières sensations organiques ». Elles sont, il l’avoue lui-même de bonne grâce, « très peu nombreuses et fragmentaires. » J’ajoute qu’elles ne sont pas très neuves, ni très personnelles. On regrette d’y voir trop souvent et trop inopportunément paraître, à la place du fils de M. Preyer, des enfants observés par d’autres, et toujours des écrivains allemands, comme si l’auteur tenait absolument à faire de la psychologie de l’enfant une conquête allemande.

Pendant les trois premiers mois, remar que l’auteur, les sensations de plaisir, de bien-être, ne sont pas variées. Quand on a parlé de l’apaisement de la faim, du plaisir qui accompagne l’acte de prendre le sein, la saveur sucrée du lait, la tiédeur du bain, la liberté et la nudité des membres, on a à peu près tout dit. Dès le deuxième mois pourtant, les sensations auditives et visuelles procurent à l’enfant des plaisirs plus variés (chant, piano, voix des parents, ovale éclairé du visage qui lui rit, lui parle et lui chante). Au quatrième mois, surtout au cinquième et au sixième, l’acte de saisir un objet quelconque procure une satisfaction très grande. N’oublions pas celle que cause la sortie de la maison, et qui englobe une foule de plaisirs réunis. Au septième mois, l’enfant regarde sa propre image dans la glace avec une joie marquée.

Il se produit une nouvelle catégorie de sentiments de plaisir, dans lesquels se mêle quelque chose d’intellectuel, le jour où l’enfant commence à prendre conscience de son pouvoir. De ce nombre sont le plaisir de pousser des cris et des exclamations variées, de se livrer aux premiers jeux, de froisser une feuille de papier, de chiffonner et déchirer des journaux, de tourner et retourner un gant ; plus tard le plaisir d’exécuter des mouvements nouveaux et difficiles, de déplacer son propre corps, en un mot, tous les plaisirs d’activité, auxquels « se mêle son imagination active, quoique bien faible ».

En somme, pour le premier âge, dit M. Preyer, le plaisir est surtout causé par l’absence de causes de déplaisir, de malaise. Pendant les six premiers mois, les sentiments de malaise sont plus fréquents que par la suite. Voici la raison qu’il en donne : « Il est rare qu’un