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direction de notre écriture étant de gauche à droite, c’est-à-dire dextrogyre, il est clair que les écritures sinistrogyres doivent être des écritures lentes, des écritures retardées Les mouvements dextrogyres, au contraire, en faisant courir les lettres dans le sens même de la ligne, doivent être surtout les auxiliaires des pensées rapides et ont peut-être leur raison dans l’activité même de l’idéation.

Nous voulons d’ailleurs en rester aujourd’hui à des points d’interrogation sur la valeur séméiologique des écritures dextrogyres et sinistrogyres. Toutefois, à défaut de formules précises, si nous avions à résumer d’un mot l’ensemble de nos observations, nous dirions qu’elles semblent bien confirmer les conclusions de Gaëtan Delaunay, et que les scripteurs dextrogyres nous ont paru, d’une manière générale, avoir des qualités psychiques supérieures à celles des scripteurs sinistrogyres.

Toutefois, nous croyons devoir rapprocher cette conclusion d’attente des résultats de recherches non encore publiées, et qui sont de nature à éclairer vivement la physiologie de l’écriture. Des considérations de mécanique, fécondes en applications à la physiologie et à l’esthétique, et qui ont été confirmées expérimentalement par M. Féré, ont amené M. Charles Henry (communication orale) à établir que les mouvements circulaires à direction dextrogyre et les mouvements rectilignes ascendants sont dynamogènes, tandis que les mouvements courbes sinistrogyres et les mouvements rectilignes descendants sont inhibiteurs.

En combinant ces deux ordres de données, on trouve que les courbes dextrogyres inférieures doivent être plus dynamogènes que les courbes dextrogyres supérieures, par cette raison que ces dernières comportent un élément inhibiteur résultant de leur direction descendante (fig.  16), et inversement que les courbes sinistrogyres inférieures doivent être plus inhibitrices que les courbes de même direction, mais supérieures, par cette même raison que ces dernières sont atténuées par un élément dynamogène qui résulte de leur direction de bas en haut (fig.  17).

Or, les courbes dextrogyres supérieures ne sont que nos courbes centripètes, et les courbes dextrogyres inférieures correspondent à nos courbes dextrogyres centrifuges. Peut-être sera-t-il possible de reconnaître, en conséquence, dans la substitution de traits d’un genre donné à ceux du genre opposé, mais de même direction, la manifestation d’une tendance, dynamogène ou inhibitrice, venant corriger ou pondérer la tendance générale du scripteur.

D’autre part, pour confirmer les indications qui nous paraissaient ressortir de nos observations, nous avons eu recours, avec MM. Henri Ferrari et Charles Richet, à l’expérimentation par l’hypnotisme, qui nous avait déjà donné des résultats très intéressants. En suggérant à M. H., sur qui nous avions déjà opéré dans notre première série de recherches, la personnalité puissante de Michel-Ange, nous avons obtenu un graphisme nettement dextrogyre (fig.  18) ; et même notre