Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIII.djvu/554

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
544
revue philosophique

contre la propagation vulgaire de l’hypnotisme par des exhibitions publiques de charlatans ; il voudrait qu’on réservât aux médecins le monopole de l’hypnotisme ; ceci nous paraît plus contestable ; car les médecins n’ont pas, comme le dit très bien M. Delbœuf, le monopole de la moralité, et l’hypnotisme intéresse avant tout le psychologue, qui souvent n’est pas médecin : réserver ce monopole aux médecins, a dit aussi M. Beaunis, ce serait dépasser le but, et parfois le manquer.

En terminant, nous signalons le chapitre XII, dans lequel on trouve de très curieuses anecdotes sur l’exploitation du magnétisme dans les cabinets des somnambules et les sociétés de magnétisme et de spiritisme.

En résumé, le livre de M. Gilles de la Tourette est un livre plein d’érudition, d’esprit et de bon sens ; la vivacité de nos critiques sur certains points ne doit pas faire oublier que, sur un grand nombre d’autres points, nous sommes pleinement de l’avis de l’auteur.

A. Binet.

A. Russo : Saggio sui fondamenti d’un nuovo codice della chiesa cattolica (Essai sur les fondements d’un nouveau code de l’Église catholique), in-8o de 899 pages. Galatola, Catania, 1883.

L’auteur de cet encyclopédique essai appelle l’attention du monde philosophique sur son œuvre, qui contient, en effet, beaucoup de philosophie mêlée à beaucoup d’autres choses. On en peut juger par ce simple fait que l’index sommaire, en caractères menus et serrés, tient de la page 883 à la page 899. On pense bien que nous n’avons pas l’intention d’analyser ce fort livre.

Indiquons-en tout au moins le but, et ensuite, aussi brièvement que possible, les chapitres s’adressant directement aux lecteurs philosophes. C’est une dissertation sur les sources du droit canonique que M. Russo a voulu faire. La première partie est historique : elle regarde le passé et met en lumière, en suivant l’ordre chronologique, les éléments que nous possédons dans le Corpus juris canonici et dans divers conciles. La seconde partie se rapporte à l’usage qu’on en peut faire en remontant aux sources ; c’est une coordination, et, dans l’exposition, l’auteur n’a plus égard à la considération du temps. La troisième traite de l’influence que ce droit pourrait avoir sur les nations, et, naturellement, aux yeux de l’auteur, elle est considérable. Le catholique juriste croit d’ailleurs fermement au progrès. Sa devise est celle de Leibniz, et il l’applique à son Église : « Dans la nature, il n’y a pas de saut. » « Le progrès selon la nature ne peut sortir que du droit catholique ; c’est elle qui d’abord réforme les mœurs, et qui produit ensuite les merveilles que seule peut opérer la charité chrétienne. Nous connaissons le but de l’auteur : il ne tend à rien moins qu’à l’idée, exécutable par d’autres mains que les siennes, d’un nouveau Code de l’Église. Pour