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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


A. Darmesteter. la vie des mots. The life of words as the symbols of ideas, London, Kegan Paul, Trench and Co. 1886 (xi-174 pages).

M. Arsène Darmesteter fut appelé en 1885 à faire à Londres des conférences sur quelques questions de philosophie. Il choisit pour sujet « la Vie des Mots » et intéressa vivement ses auditeurs. On lui demanda la permission de publier ses leçons. Il y consentit, et elles viennent de paraître, traduites en anglais, avant l’original, dont l’apparition, d’ailleurs, ne se fera guère attendre[1].

C’est un bonheur pour les psychologues et pour les philosophes de rencontrer un philologue d’une compétence incontestée qui se donne la peine de dégager les résultats psychologiques auxquels l’ont conduit ses études spéciales, d’indiquer les questions qui se posent, de montrer la route à suivre pour les résoudre et de l’éclairer par des exemples probants. Aussi laisserons-nous de côté tout ce qui intéresse plus spécialement les philologues pour essayer de montrer le profit que le psychologue et le philosophe pourront tirer de l’ouvrage si substantiel, si clair et si neuf de M. Darmesteter.

L’ouvrage contient, outre les préfaces du traducteur et de l’auteur, une introduction et un index ; il est divisé en trois parties : la première traite de la naissance des mots ; la seconde, de la vie des mots considérés comme formant une société (the society of words) ; la troisième traite de la mort des mots.

C’est aujourd’hui une vérité banale, dit l’auteur dans son introduction, que les langues sont des organismes vivants qu’on peut comparer aux végétaux et aux animaux. Depuis la découverte du sanscrit, une vaste enquête se poursuit pour dresser le catalogue complet de toutes les langues parlées aujourd’hui à la surface du globe, pour essayer de

  1. Notre compte rendu était terminé quand l’ouvrage a paru en français sous ce titre : la Vie des Mots étudiée dans leurs significations. Paris, Delagrave (xii— 212 pages). — C’est, en réalité, une seconde édition corrigée et augmentée. — Sans indiquer tous les changements et toutes les additions, nous avons modifié notre compte rendu partout où nous l’avons cru nécessaire pour donner la pensée de l’auteur sous sa forme la plus nette.