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Ce qui nous a paru le plus caractéristique, c’est que la mémoire diminue.

8. — La loi de l’association des idées, considérée dans ce qu’elle a de plus général, consiste dans l’excitation d’un élément nerveux par un autre élément déjà excité. On ne s’est pas demandé encore si le contraire pourrait se présenter ; par exemple un élément nerveux paralysé peut-il transférer sa paralysie à un autre élément ? Quelques expériences connues sembleraient démontrer l’existence de cette transmission de la paralysie. M. Féré a observé le fait suivant : une malade étant endormie, il lui impose l’idée que son bras droit est paralysé ; au réveil, il constate que le sujet non seulement présente une monoplégie brachiale droite, mais est devenu incapable de parler ; la paralysie du centre moteur du bras a envahi le centre moteur du langage articulé. Dans une autre expérience, ancienne mais inédite, de M. Féré et de moi, une somnambule qui reçoit une suggestion d’hémianesthésie droite se réveille avec ce symptôme, compliqué d’aphasie motrice ; encore une transmission de paralysie. Ce qui a frappé dans ces expériences, c’est que la suggestion d’un symptôme isolé a produit le même complexus de symptôme que l’on observe dans les cas pathologiques, c’est-à-dire une association de la monoplégie droite, ou de l’hémianopsie avec l’aphasie. Mais si l’on considère ces phénomènes au point de vue du mécanisme, on voit qu’ils consistent dans une paralysie qui se transmet d’un élément nerveux à un autre[1].

Serait-il possible de produire un résultat semblable dans le domaine des faits psychiques ? Peut-il arriver que lorsqu’on paralyse telle idée, A par exemple, une seconde idée, B, se trouve paralysée consécutivement ? Si ce phénomène était possible, on pourrait y voir le pendant de la loi de l’association des idées, par suite de laquelle telle idée, A par exemple, étant excitée, une seconde idée, B, se trouve excitée consécutivement et par le fait de la première. À la loi de l’excitation d’une idée par une autre (vulgairement appelée loi d’association mentale) on pourrait ajouter la loi de paralysie d’une idée par une autre.

Il est facile d’imaginer des expériences hypnotiques permettant de vérifier ce point. Mais il est plus intéressant de commencer par rechercher si, dans des expériences déjà anciennes faites dans un but tout à fait différent, le phénomène que nous recherchons ne s’était pas révélé à l’insu de l’observateur. À ce titre, nous rappelle-

  1. La question serait de savoir comment se fait cette transmission, si c’est par des modifications dans la circulation du sang, ou par un phénomène purement nerveux.