comme un contre-coup négatif, une anesthésie systématisée pour L. Je lui faisais faire un pied de nez, non seulement l’acte était inconscient, mais L… ne voyait pas les mains placées devant ses yeux. Les choses se passaient donc alors exactement de la même façon que maintenant.
Il n’y a guère chez Adrienne de phénomène absolument naturel à propos duquel on puisse vérifier la même loi comme tout à l’heure pour l’anesthésie de L… Mais il y a un fait tellement constant qu’il caractérise l’existence de ce personnage, c’est l’écriture automatique. Elle existe maintenant sans suggestion, je n’ai qu’à m’adresser à Adrienne même sans avoir endormi L… pour qu’elle me réponde par écrit à l’insu de L…, c’est une sorte de médium écrivant. Cette constance de l’écriture d’Adrienne ne semble-t-elle pas en contradiction avec les faits précédents, car en réalité L… n’a pas perdu, que je sache, la faculté d’écrire ? Il faut pour répondre préciser davantage, c’est pendant un état que j’ai appelé le somno-vigil qu’Adrienne peut écrire ainsi et cet état n’est pas contant, c’est donc pendant cet état qu’il faut voir si L. peut écrire aussi. Cette expérience qui semble simple présente cependant d’assez grandes difficultés d’exécution : on ne peut évidemment les faire écrire toutes les deux à la fois avec la même main droite, il faut donc commencer par faire écrire Adrienne pour vérifier sa présence et l’état de somno-vigil, puis arrêter la main droite et faire écrire L… à son tour. Or quand on fait cela, il arrive presque inévitablement que l’on détruit cet état particulier, que l’on réveille le sujet de ce demi-sommeil. (Un des caractères qui distinguent en effet le somno-vigil de l’hypnotisme, c’est qu’il est bien plus facile à détruire.) J’ai même vu quelquefois à ce moment le sujet pousser un petit soupir analogue à la secousse convulsive qui se produit au moment du réveil de l’hypnotisme. Alors Adrienne est détruite et L… peut écrire comme à l’ordinaire. Je suis parvenu cependant, en continuant à parler à Adrienne, à arrêter la main avec précaution, sans détruire l’état où elle était. À ce moment, si l’on priait L… d’écrire quelque chose, à sa grande surprise elle ne pouvait plus tracer une lettre. Il semble donc qu’au moment où une personne possède l’écriture automatique, elle ait perdu l’écriture consciente ordinaire. Il serait très intéressant de répéter cette expérience sur les personnes qui jouent le rôle de médium écrivant dans les expériences spirites. Si elle avait le même résultat, elle donnerait un excellent signe du dédoublement du médium analogue à celui que j’étudie ici. Mais, je le répète, l’expérience est délicate et son échec ne prouverait rien. Une personne étrangère ne peut pas arrêter les mains de L… sans détruire le somno-vigil, et la suppression
