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celle que nous avons essayé d’analyser. Ce n’est que lorsqu’elle la voit fouler aux pieds qu’elle crie au crime.

Nous savons maintenant quelles sont les deux classes de crimes dont nous avons à nous occuper. Il s’agit de voir si à ces deux classes correspondent réellement deux variétés psychiques de la race, deux types distincts : d’un côté, des hommes dénués du sentiment de pitié ; de l’autre, des hommes dénués du sentiment moyen de probité. Il nous faut les étudier directement, et déterminer les cas dans lesquels l’anomalie est irréductible par l’insusceptibilité du criminel pour les sentiments qu’il a violés, parce que, comme l’a dit en excellents termes un philosophe contemporain, il « . existe dans l’organisation mentale des lacunes comparables à la privation d’un membre ou d’une fonction physique », ce qui fait que ces êtres sont complètement « déshumanisés » ; et les cas dans lesquels cette anomalie peut être atténuée parce qu’il n’existe pas absence absolue, mais seulement faiblesse du sens moral, qui rend impossible l’adaptation du criminel tant que le milieu qui le pousse au crime reste identique, et par là même la rend possible aussitôt qu’on le retire de ce milieu délétère et qu’on le place dans des conditions nouvelles d’existence.

C’est la recherche que nous ferons peut-être dans un second article.

R. Garofalo.