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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


EXPÉRIENCES SUR LE « SENS MUSCULAIRE » [1]

La réalité d’un sens musculaire », tel que l’ont admis par exemple A. Bain et Wundt, paraissait difficile à soutenir encore, depuis les expériences diverses et les quelques observations cliniques qui semblaient avoir parfaitement montré que le sens musculaire » est réductible à un ensemble de sensations purement afférentes, comme toutes les autres sensations[2].

Dans la dernière séance de la Société, M. Babinski a présenté les résultats d’expériences qu’il a faites sur plusieurs malades atteints d’anesthésie complète et par lesquelles il a cherché à établir que la conscience de la position des membres et des mouvements accomplis survit à la perte totale de toute sensibilité.

L’occasion s’est justement offerte à nous d’entreprendre des recherches du même genre sur un malade du service de M. G. Sée, à l’Hôtel-Dieu, dont l’un de nous étudiait déjà la sensibilité à un autre point de vue avec le chef de clinique de M. Sée, M. le Dr Capitan.

Ce malade est absolument dépourvu de sensibilité dans la moitié supérieure du corps, jusqu’au niveau de l’ombilic. Il ne perçoit ni le contact, ni les modifications de température (chaud ou froid), ni la pression ; le pincement, la torsion du bras, les excitations électriques le laissent absolument insensible. La sensibilité profonde a disparu comme la sensibilité superficielle.

La sensibilité est conservée dans la partie inférieure du corps, bien qu’assez obtuse.

Voici les expériences que nous avons faites et leurs résultats.

1o Lorsque L… a les yeux bandés, nous pouvons placer son bras dans toutes les positions que bon nous semble. Il ne sait pas que nous avons changé ce bras de place. Nous pouvons, sans qu’il s’en aperçoive, le fléchir et l’étendre alternativement. Il a la main posée sur le genou ; nous ôtons sa main, nous élevons son bras au-dessus de sa tête, en même

  1. Communication faite dans la séance du 28 février 1887.
  2. Voir, à ce sujet, l’article de l’un de nous, in Revue philosophique, décembre 1885 (Le « sens musculaire et les sensations musculaires) et l’article de M. Ribot, Ibid., octobre 1879 (Le role psychologique des mouvements). »