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Nous le félicitons d’avoir aussi librement exprimé tout le contenu de sa pensée. Cependant nous comprenons la répugnance de ses collègues à le suivre dans cette voie de libéralisme, lorsque nous lisons dans les revues italiennes la liste assez longue des accidents qui se sont produits à Turin, à la suite des représentations artistiques du grand Donato. On pourra toujours se lancer à ce sujet dans de belles dissertations a priori sur la liberté des exhibitions théâtrales ; mais il y a là, dans l’histoire de ces pauvres malheureux frappés, les uns de délire, les autres de paralysies ou de convulsions, un petit fait d’expérience qui donne à réfléchir.

En fermant ce livre si curieux et si original, où l’on voit un homme de science, habitué aux recherches patientes et silencieuses du laboratoire, élever une statue à un magnétiseur de profession, nous en sommes à nous demander quelle peut bien être la cause de cet enthousiasme un peu exagéré. Le livre de M. Morselli est celui d’un disciple. Nerveux et hyperexcitable, il s’est laissé endormir par Donato, et il est devenu à un certain moment le sujet du fameux magnétiseur aux yeux fulgurants ». Nous ne croyons donc pas nous avancer beaucoup en disant que l’auteur, doué d’une organisation délicate et raffinée, a subi l’empire d’une personnalité plus grossière que la sienne.

Alfred Binet.

Richard Travers Smith, Man’s knowledge of man and of god. Londres, Macmillan, 1886.

Ce petit volume est un recueil de six conférences destinées à établir la personnalité de Dieu et aussi la vérité de la religion catholique. Nous ne nous occuperons que de ce qui est proprement philosophique.

L’hypothèse de l’auteur, c’est qu’il y a dans l’homme une partie de sa nature morale, qui lui est à la fois la plus intime et la plus mystérieuse, sa personnalité. Toutes les manifestations extérieures de son activité tombent sous la loi du déterminisme ; sa constitution intellectuelle n’y est pas soustraite davantage, et ni ses actes, en tant qu’ils s’insinuent dans la trame des phénomènes du monde sensible, ni ses pensées mêmes, en tant qu’elles s’enchaînent selon les nécessités de la logique ou de l’organisation cérébrale, ne sont véritablement lui-même. Ce moi qui ne peut sans contradiction être représenté à la conscience, puisqu’il deviendrait alors un phénomène, est cependant la source féconde, intarissable, d’où découlent et les pensées et [illisible]tes, et toute la vie du dedans. Quand on a retranché par l’analyse ou [illisible]ion les tendances instinctives ou acquises, les habitudes intellectuelles, le mouvement régulier et en quelque sorte mécanique des faits psychiques, ne reste-t-il plus rien de l’homme ? Il reste, selon notre auteur, sa personne même, et il le sait si bien, qu’il ne confond ce moi fondamental ni avec ses organes et ses actes extérieurs, ni avec l’ensemble de ses idées actuelles, passées ou futures. En un mot, il n’est pas vrai que le moi ne