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Pour les lecteurs que cela peut intéresser, nous dirons avec l’auteur : « qui est Donato ». Ce n’est pas une personnalité vulgaire ; il a été soldat, journaliste, poète ; il a semé ses écrits de réflexions profondes, jugez-en par celles-ci : Nous attribuons volontiers de l’esprit à ceux qui admirent notre bêtise. » « Pour l’imbécile, tous les hommes sont égaux, et ses égaux… des imbéciles. » Etc. L’auteur le compare à ces grandes personnalités qui dominent la foule des médiocres et assurent la marche vers le progrès. Le grand mérite de Donato est d’agir sur des sujets sains et de produire des effets admirables dont un physiologiste, tel que M. Charcot ou M. Heidenhain, tirerait un parti immense, s’il savait les reproduire. Donato, qui se donne pour le rénovateur du magnétisme animal, a peut-être tort de traiter avec mépris les hommes de science qui se sont occupés des mêmes questions ; mais eux, n’ont-ils pas eu le plus grand tort de le traiter de charlatan, alors qu’ils ont certainement appris, à ses exhibitions publiques, une grande partie des phénomènes qu’ils reproduisent ensuite dans leur laboratoire ? M. Morselli prend l’exemple de M. Brémaud, qui a copié Donato sans le citer ; en effet, il est bien prouvé que quelques mois avant que M. Brémaud présentât à la Société biologique de Paris son mémoire sur la fascination, le magnétiseur belge avait donné de nombreux spectacles de fascination donatique sur les théâtres de Brest, où M. Brémaud est médecin de marine. L’auteur décrit ensuite les procédés de fascination, sur lesquels nous passons, car ils sont bien connus. Mais nous signalerons en passant que le magnétiseur attribue tous les effets qu’il obtient à l’action de ses yeux fulgurants ». L’expression est assez jolie. Les autres découvertes de Donato seraient : la catalepsie produite par une excitation brusque ; les différences du sommeil et de l’hypnose ; l’hyperacuité des somnambules, etc., etc. Enfin, Morselli défend Donato contre le reproche de charlatanisme ; ce n’est pas un magnétiseur vulgaire ; il montre dans l’interprétation des phénomènes une grande prudence scientifique ; sa propagande artistique a fait connaître l’hypnotisme à beaucoup de savants, qui maintenant le désavouent, ce qui explique l’hostilité qu’il a rencontrée à Paris, Neuchâtel et Liége, sa patrie.. Enfin, l’auteur conclut sur ce point en citant un mot d’esprit du célèbre magnétiseur : « Les tréteaux de la vérité et du progrès sont plus respectables que les Académies du préjugé, et que les Conservatoires de l’erreur. »

Nous nous demandions, après la lecture de ce chapitre, ce que l’auteur mettrait dans le dernier chapitre de son livre, qui porte le titre suivant : Les dangers du magnétisme animal. On sait que la marche triomphale de Donato à l’étranger a été souvent interrompue, cette année même, par des mesures de police qui sont venues lui défendre d’exhiber l’hypnotisme dans ses représentations théâtrales. On a pensé que la vue de ces phénomènes pourrait provoquer, chez des personnes prédisposées, des troubles nerveux d’une certaine gravité. M. Morselli pense que, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’est pas possible de