incertitude absolue. Au reste, l’extase et les autres phénomènes de même ordre relèvent de la pathologie. L’auteur n’est pas loin d’englober dans cette classe les philosophes spéculatifs qui font un trop exclusif usage de l’observation intérieure. « Le théologien et le philosophe, dit-il, présentent également les phénomènes exagérés d’une sorte de psycho-lepsie qui, favorable au développement exagéré de la conscience de soi, n’est pas également favorable à la santé définitive et à la force de l’esprit. »
« Si les faits et les arguments présentés dans les pages qui précèdent, dit l’auteur en terminant, sont bien fondés et bien observés, ils ne vont pas à moins qu’à montrer que des fautes dans l’observation et dans l’interprétation de la nature ont été les fondements sans réalité des théories du surnaturel ; que les apparences surnaturelles n’ont jamais été et ne sont jamais des événements du monde extérieur, mais qu’ils ont toujours été et qu’ils sont toujours des fictions de l’imagination ; que leur importance et leur intérêt sont purement psychologiques. » Et l’auteur conclut que « si toutes les visions, intuitions, et autres modes de communication avec le monde surnaturel, qui existent actuellement ou ont existé autrefois, n’ont été que des phénomènes de psychologie, des cas d’anomalie plus ou moins prononcés de la fonction psychique ; et si toutes les croyances au surnaturel sont des survivances d’un état de pensée qui convient aux degrés inférieurs du développement humain, la persistance de pareilles croyances ne peut aider, mais doit au contraire entraver le progrès de l’homme. »
Pourra-t-on s’en débarrasser ? Le moyen se trouverait en tout cas dans l’établissement de croyances scientifiques. Les hallucinations d’une époque reflètent d’une manière générale les croyances de cette époque. Les apparitions varient selon les temps et les lieux et elles varient conformément aux variations des croyances. On voit aujourd’hui moins de revenants qu’on n’en voyait jadis, parce qu’on n’y croit plus comme on y croyait jadis. L’influence de l’idée sur l’hallucination et l’illusion est constatée. En modifiant l’opinion, on peut modifier, diminuer les visions, les illusions et les erreurs et diminuer ainsi la réaction de ces visions, de ces illusions et de ces erreurs sur les croyances. L’esprit vulgaire, et tout esprit fut vulgaire à cet égard, est excessivement porté à accepter l’inconnu comme possible (omne ignotum pro possibili), parce qu’il n’a pas les connaissances nécessaires pour savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas… À mesure que le domaine des connaissances positives s’accroît, la région du possible et du merveilleux diminue. » Que devient donc la religion, si on supprime le surnaturel ? M. Maudsley a de la religion une conception particulière. « Le principe commun aux religions et à la moralité de tous les temps et de tous les lieux… a été celui du renoncement (self renunciation). Dans sa signification essentielle, la religion est la base universelle, le ciment de la société, et cette religion est la meilleure, par conséquent, qui inspire et maintient à la fois le meilleur système social et la plus complète harmonie de ses par-