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revue des périodiques

été guéris d’une manière définitive par suggestion hypnotique ; 32 sont partis guéris, sans qu’on ait su par des nouvelles postérieures si la guérison s’était maintenue ; enfin 12 n’ont été ni guéris ni améliorés. M. Liébeault procède en affirmant aux sujets que pendant leur sommeil ils sentiront le besoin d’uriner quand leur vessie sera pleine, et qu’ils s’éveilleront pour satisfaire ce besoin. À d’autres il affirme qu’à une heure déterminée de la nuit ils se lèveront pour uriner.

E. Bérillon. De la suggestion hypnotique comme agent moralisateur. — M. Bérillon croit qu’il est temps d’appliquer l’hypnotisme à la pédagogie. Il a fait sur ce sujet une communication au congrès de Nancy. Suivant lui, il n’y a aucun inconvénient à provoquer l’hypnotisme chez des enfants vicieux, impulsifs, récalcitrants, incapables de la moindre attention. Il va même plus loin, et admet l’utilité des suggestions à l’état de veille chez des enfants simplement paresseux, indociles ou médiocres. « Il faudra, dit-il, isoler l’enfant, lui mettre la main sur le front, lui faire les suggestions voulues avec douceur, avec précision, avec patience. »

Ladame. Expériences sur l’ouïe dans l’hypnotisme au moyen du microphone, du téléphone et du courant galvanique. — L’auteur s’est proposé de montrer à une personne qui prétendait avoir obtenu avec les appareils acoustiques précités des phénomènes remarquables, que ces phénomènes étaient le résultat pur et simple d’une suggestion verbale donnée involontairement par l’opérateur.

Liébeault. Confession d’un médecin hypnotiseur. — M. Liébeault raconte ses débuts et ses déboires dans la carrière hypnotique. Il commença par employer les procédés de Dupotet pour endormir ; ces procédés lui parurent lents et très propres à provoquer des phénomènes d’excitation. Il leur substitua par la suite la fixation du regard, à la manière de Braid ; il provoqua un jour de la sorte de violentes convulsions. Effrayé par ce symptôme, il abandonna la fixation du regard et en vint au procédé de Faria, la suggestion de sommeil, ou mieux la suggestion des différents signes qui annoncent l’invasion du sommeil, tels que l’abaissement des paupières, la lourdeur des membres. Ici encore, l’expérience devait lui apprendre la manière dont il fallait se servir de ce procédé hypnogène. Au début, voulant gagner du temps, il faisait la suggestion du sommeil avec feu, en y mettant même une certaine brusquerie. Il en résulta six ou sept fois des syncopes. Averti par ces accidents, l’auteur se pressa moins pour endormir ses malades ; il refit ses suggestions avec plus de précautions et plus de lenteurs. Il conseille d’employer les mêmes précautions pour réveiller le sujet ; le réveil brusque a des inconvénients, il a produit de la céphalalgie, des lourdeurs de tête, de la somnolence durant le reste de la journée, de la titubation, des envies de vomir, de longs accès convulsifs. Nous avons cru intéressant de recueillir ces conseils d’un hypnotiseur auquel on ne peut refuser une grande expérience des faits dont il parle.