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microzymas, de Béchamp, et celle des plastidules, de Hæckel, qui tendent à accorder une vie autonome, spéciale et propre aux molécules dont la cellule se compose. Mais la cellule seule réalise toutes les fonctions biologiques. Même en acceptant l’objection, l’auteur fait remarquer que la ressemblance n’exclut pas la différence, et c’est précisément dans cette possibilité de vivre isolés, dans cette plus grande indépendance des éléments qui composent la cellule sociale, que prennent naissance la plus grande partie des caractères qui la distinguent de la cellule organique. Il ne faut pas d’ailleurs exagérer cette possibilité de vivre isolés, cette indépendance des individus, ce qui mènerait tout droit à justifier l’état de nature, que les philosophes des derniers siècles donnaient pour base à leurs élucubrations sociologiques.

L’auteur, ayant établi que la famille est la cellule sociale, tire du fait quelques conséquences économiques et juridiques relatives au principe d’association, au suffrage corporatif, à la production collective, à la constitution politique de la famille, à l’accroissement de son indépendance en même temps qu’au maintien de celle de l’individu, etc. Nous n’avons pas à entrer dans l’examen de ces différents points indiqués seulement dans la plaquette de M. Vida.

Bernard Perez.

Octavio Loïs. Lo accesible y lo inaccesible, études populaires de philosophie positive, 295 p. in-16, 1886. Madrid.

Voici un livre de bonne foi, écrit simplement, sobrement, avec une clarté bien rare chez les philosophes traitant de ces ardus problèmes : l’homme, Dieu, le cosmos, la morale et le droit. Telles sont, en effet, les questions successivement traitées dans ce livre de vulgarisation scientifique, dédié par l’auteur à la jeunesse de son pays, et qui sera apprécié, comme très bien informé et très suggestif, par les amateurs de philosophie positive ou expérimentale.

Ne pouvant faire une complète analyse de ce livre, nous y relèverons seulement quelques points importants. À part ce que nous en apprend la conscience, que pouvons-nous savoir sur l’homme pensant ? Rien, au point de vue d’une hypothétique essence, mais beaucoup au point de vue de la causalité réelle, des conditions déterminantes de chaque phénomène. Quant à l’essence de l’âme, la science ne saurait aller au delà de cette pétition de principe : Le cerveau pense parce qu’il pense, de même que la flamme brûle parce qu’elle brûle. Mais elle peut nous donner bien des renseignements exacts et intéressants sur les conditions physiologiques des phénomènes psychiques, sur les caractères divers des sensations, des perceptions, des volitions, sur leur mesure quantitative, sur les altérations et les illusions de la conscience, etc., et sur quantité de faits dont l’auteur nous donne une idée légère mais suffisante. Il s’explique en particulier très nettement sur l’illusion du libre arbitre. Le cerveau, dit-il, est une balance toujours en équilibre instable