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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


E. Rabier. Leçons de philosophie. Logique. — 1 vol.  in-8o, p. 384. Paris, Hachette, 1886. — À la distribution des prix du concours général, M. Rabier prenait dans un éloquent discours la défense des études philosophiques. Il continue aujourd’hui à les défendre. Il montre, par la publication de ses Leçons, la valeur de l’enseignement philosophique dans les lycées de Paris. À la Psychologie, qui a obtenu un si brillant et si légitime succès, il donne pour suite la Logique. Sous l’apparence modeste d’un livre scolaire, cet ouvrage n’en a pas moins une importance considérable. Nous pourrions et nous devrions répéter à son propos les éloges que faisait ici même M. Brochard à propos de la Psychologie[1]. C’est le même esprit attentif et ouvert, indépendant et sincère, ne cherchant l’originalité que dans l’expression simple et claire de ce qui lui paraît raisonnable et vrai, semant sans compter les idées neuves et excellant à montrer le faible de toutes les théories les plus spécieuses. M. Rabier connaît toutes les écoles et ne s’inféode à aucune, peut-être parce qu’il les connaît toutes. Son livre forcera l’estime par ses qualités philosophiques, le respect par son absolue sincérité. Désarmera-t-il la critique ? Ce serait trop demander peut-être ; mais il la rend à coup sûr difficile.

Nous voudrions donner une idée de la manière dont M. Rabier entend la Logique et attirer l’attention sur quelques-uns des problèmes que soulève son ouvrage. Pour cela, nous allons analyser le livre en lui-même, nous nous permettrons après de discuter quelques points.

M. Rabier définit la Logique (p. 8) : « La science des conditions de l’accord de la pensée avec elle-même et des conditions de l’accord de la pensée avec ses objets, lesquelles réunies sont les conditions nécessaires et suffisantes de la vérité. » La première partie de la définition s’applique à la logique formelle, qui traite des conditions de la possibilite de la science ; la seconde partie désigne la logique appliquée, qui traite des conditions de la réalité de la science.

La logique formelle s’occupe : 1o du concept, 2o du jugement, 3o du raisonnement, c’est-à-dire des trois opérations de l’esprit selon la pratique ordinaire des logiciens. M. Rabier sépare avec plus de rigueur qu’on

  1. V. Revue philosophique, t.  XIX, Mai 1885, p. 565.