À ce propos, nous citerons un fait très important ; Mlle X… se laisse hypnotiser par l’un de nous en la présence de l’autre, avec la ferme détermination (qu’elle ne nous a révélée qu’après) de ne point s’exprimer sur certain sujet. Cette fois, les suggestions dans l’état somnambulique sont moins actives ; on demande si elle pense à quelque chose. R. Oui, j’ai des idées. D. Révélez-les. R. Je ne puis, je ne dois. Après avoir inutilement mis en usage les moyens les plus insinuants, l’hypnotiseur lui ordonne avec énergie de lui révéler ses pensées en lui disant qu’elle ne peut avoir aucune volonté hors la sienne. Refus absolu. Application de l’aimant au front ; peu d’instants après, Mlle X… porte la main au front et s’écrie : « Mon Dieu ! Vous me faites bien mal au front, oh quelle douleur ! Mais vous m’avez fait sortir du sang. » Et en disant cela elle se touche le front, précisément à la place où nous avions fait agir l’aimant, comme pour essuyer le sang, et elle regarde ensuite ses mains comme si elle y voyait réellement du sang : dans ce moment on lui ordonne de nouveau de répondre à la question. Cela lui cause une émotion telle qu’elle se réveille dans un état d’âme complètement hostile à nous, et ayant encore l’hallucination d’une blessure au front, précisément à l’endroit où avait été appliqué l’aimant ; elle nous traite très mal en nous déclarant qu’elle ne se ferait plus jamais hypnotiser, et elle reste dans un état de grande agitation et de grand abattement, cette lutte l’ayant brisée. Ensuite elle a toujours obstinément persisté à ne se faire plus hypnotiser, malgré la grande influence que l’un de nous exerçait sur elle.
Ce fait nous semble avoir une grande importance pour la médecine légale, car l’on peut formuler cette question : Tous les sujets deviennent-ils des instruments passifs, lorsqu’ils sont hypnotisés ? Révéleront-ils toujours les secrets qu’ils veulent garder, ou bien cela dépend-il aussi du caractère, de l’éducation, de la profondeur du sommeil hypnotique, de certains sentiments mieux organisés, et de la constitution de leur personnalité ? Nous sommes de cette opinion.
Les deux principaux sujets de ces expériences sont tout à fait divers par leur caractère et par leur éducation, quoique tous deux éminemment hystériques. Il est facile de faire changer de personnalité à l’un d’eux, tandis qu’une substitution de personnalité a toujours été impossible dans l’autre.
Comment peut-on interpréter les phénomènes de la polarisation psychique ? Pour parvenir à ce but, il est nécessaire de refaire le procès de la formation de l’idéation humaine. En général, nous pouvons dire que le mécanisme au moyen duquel naissent les idées et les conceptions est celui de la « conclusion » dont les conditions