points. Le hasard m’a singulièrement servi, comme on va le voir.
Je me fis une loi de n’opérer d’abord qu’avec M.……., réservant J.…… pour des expériences de vérification ou d’éclaircissement, si la nécessité s’en faisait sentir.
V
Vendredi 2 avril, M….. tricote. Je lui donne l’ordre de s’endormir quand elle aura achevé l’aiguille commencée. C’est ce qu’elle fait. J’ai arrêté la pendule avant son entrée. Je lui tiens ce petit discours : « Je vais vous réveiller ; vous tricoterez encore pendant cinq minutes, puis vous écrirez à votre père. Voici sur la table du papier et le reste. Vous lui écrirez que vous vous plaisez bien à Liège, et que maintenant la tranquillité y est rétablie[1]. Vous me raconterez ce que vous aurez fait. »
M….., réveillée, reprend son ouvrage. On cause de choses et d’autres ; et, à la différence de ce qu’elle avait fait la veille, elle ne regarde pas une seule fois la pendule. Au bout de huit minutes, M….. ferme les yeux et s’endort[2]. J’attends cinq autres minutes… Rien. Je la réveille : — « Eh bien ! M….. ? — Quoi, monsieur ? — Vous avez dormi, pourquoi ? — J’ai dormi ? Je ne sais pas ; j’avais sans doute sommeil. » J’attends encore quelques minutes : « Vous n’éprouvez rien ? Vous n’avez aucune espèce d’envie ? — Non. Pourquoi ces questions ? »
Je la rendors. — « Qu’est-ce que je vous avais dit tantôt ? — Rien. — Certainement, rappelez-vous ! — Je ne me rappelle pas. — Je vous avais dit d’écrire à votre père. — C’est fait. — Comment, c’est fait ? Que lui avez-vous écrit ? — Que je me plaisais à Liège, etc. — Vous n’avez rien écrit ; vous avez rêvé. Vous lui écrirez pour tout de bon dans trois minutes. Je vais vous réveiller. »
Voilà certes un résultat inattendu digne de réflexion. Ici le rêve accomplit la suggestion et supplée à l’action. Mais trêve pour le moment aux commentaires, et continuons le récit.
M….. reprend son tricot. Au bout de six minutes, elle se lève avec résolution, et me dit : « Je dois écrire. — Mettez-vous à la table, voilà tout ce qu’il faut. — Non, je descends. — Pourquoi ? Je ne