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positivistes dans sa partie substantielle, est, selon moi, l’idée la plus féconde que j’aie introduite dans la science criminelle. »

Plus loin, l’auteur discute une question philosophique d’un grand intérêt et qui me paraît être la pierre d’achoppement de tous les criminalistes qui n’admettent pas le libre arbitre : c’est la légitimité de la répression. M. Ferri commence par poser que la répression est un fait qui n’a absolument rien à voir avec l’ancienne idée de peine et de châtiment, et de pouvoir délégué par la divinité pour corriger les coupables ; il donne à la répression le caractère d’une sorte de réaction de la société contre le dommage qui lui est causé et contre l’auteur de ce dommage ; nous dirions même volontiers, pour mieux traduire sa pensée, que la société est un organisme, et que la répression des coupables est comme un acte réflexe de nature défensive qui se produit dans cet organisme quand il est lésé.

En un mot, M. Ferri s’attache à dépouiller la répression, de tout caractère moral. Pour lui, les coupables et les fous seront un jour mis sur la même ligne et traités de même[1].

Garofalo. Ce qui devrait être un tribunal criminel. — Article très intéressant. L’auteur énonce brièvement toutes les modifications qu’il faudrait apporter à la législation criminelle actuellement en vigueur pour la mettre en harmonie avec les idées de l’école positive italienne : Changement dans le tarif de la pénalité, qui est établi aujourd’hui d’après le principe faux de la justice distributive, et qui devrait être fondé sur le principe de la défense de la société ; changement dans la procédure, changements surtout dans le recrutement des magistrats, qui se piquent aujourd’hui d’être des romanistes et qui devraient plutôt être des anthropologistes.

Sciamanna. Les adversaires des localisations cérébrales. — Cet article est intéressant par observation personnelle qu’il contient. L’auteur commence par exposer les doctrines des deux principaux adversaires des localisations cérébrales, Brown-Sequard et Goltz. Le premier physiologiste, se fondant sur un grand nombre de faits anatomo-pathologiques qu’il a recueillis, et sur la variété des symptômes qu’on observe dans le cas de lésions cérébrales analogues, admet les conclusions suivantes : 1o que les symptômes des affections cérébrales ne sont pas l’effet direct des manifestations des propriétés spéciales à la partie lésée ; 2o que ces symptômes proviennent de l’influence que la lésion exerce dans des parties plus ou moins éloignées de son siège ; 3o que la paralysie, l’anesthésie, l’aphasie ne sont que des phénomènes d’irritation qui se produisent avec le même mécanisme que l’arrêt du cœur par l’excitation du pneumo-gastrique ; 4o que le mécanisme des manifestations de l’activité exagérée est analogue à celui qui produit les

  1. Pour plus de détails, voir la Revue générale, contenue dans le présent numéro.