pour tendance fondamentale de se conserver et par là même de conserver son espèce, serait une contradiction dans les termes. Par suite, le problème de l’origine des premiers êtres organisés et celui de l’origine de la finalité sont identiques, et cette origine est, pour l’auteur, dans la possibilité des combinaisons indéfinies produites par la nature. « Les combinaisons organiques en général et, en particulier, les combinaisons organiques avec propriétés vitales ne sont qu’un cas spécial des cas infiniment divers de combinaisons chimiques (possibles) ; et, puisque nous nommons « conforme au but » la propriété des substances vivantes de produire par certains mouvements la propagation et la conservation de l’espèce, la conformité au but dans la nature n’est qu’un cas de tout ce qui est. » (P. 37.) La vie une fois produite avec ses propriétés, l’évolution tout entière repose sur le principe de conservation (hérédité) ; l’essence de toute procréation étant la division de l’individu, l’adaptation et la sélection naturelle font le reste.
Si maintenant nous considérons les mouvements des êtres vivants, nous verrons que tous, qu’ils soient psychologiques ou purement physiologiques, n’ont qu’un but : la conservation de l’espèce. Les premiers ont pour caractère d’être déterminés par des phénomènes de conscience et ils se produisent sous les deux formes principales de l’attraction et de la répulsion : à ce titré, « on peut les appeler des manifestations de la volonté au sens large du mot » (p. 54).
Il est bon d’abord de distinguer la volonté de l’instinct, terme dont oh à tant abusé et auquel on a donné tant de significations différentes. « Par instinct, nous entendons la tendance à une action dont le but n’est pas conscient pour l’individu, mais qui malgré cela conduit à ce but. » (P. 64.) On en peut donner comme exemple l’instinct de se nourrir inné chez tous les animaux et chez l’homme et qui se laisse toujours reconnaître, quelque modifié qu’il soit par l’éducation. — La volonté diffère de l’instinct en ce qu’elle poursuit un but conscient, et chez l’homme, dans tous les cas, ce but est ce qui est lui le plus agréable relativement, c’est-à-dire ce qui paraît conforme à sa nature. Il ne peut donc être question de liberté absolue, mais simplement d’une liberté relative. En quoi consiste celle-ci ?
M. Schneider montre très bien que l’homme, même dans les cas en apparence exceptionnels, choisit toujours ce qui lui agrée relativement (le martyr préférant la mort à l’apostasie). Mais, dans tout choix, il y a en jeu des motifs plus ou moins agréables et plus ou moins conformes au but. Jusqu’à quel point l’agréable et l’utile se confondent-ils ? Cela dépend de l’organisation l’individu et de son expérience. Si ces deux derniers éléments sont tels que l’agréable et l’utile coïncident le plus souvent, alors il choisira le meilleur, sa volonté sera relativement libre ; et inversement. On doit reconnaître que chez l’homme, beaucoup d’idées nuisibles, non conformes au but, sont les plus agréables relativement ; mais ce rapport contre nature est pour une bonne part l’œuvre de la civilisation qui a produit des besoins et des adapta-