Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/622

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
612
revue philosophique

En se livrant à cet examen, on voit au premier abord que les actes compris sous les rubriques 5o, 6o, 7o et 8o sont identiques pour toutes les sensations, et on peut en conclure avec une extrême vraisemblance que les périodes qui leur correspondent ont toujours la même durée, les conditions de production étant les mêmes, toutes choses égales d’ailleurs. Ainsi, par exemple, la contraction musculaire qui signale le moment de la perception aura la même durée, qu’elle signale une perception tactile ou une perception visuelle, en admettant bien entendu que les conditions de milieu restent les mêmes dans les deux cas. En fait, cette dernière condition peut être difficile à réaliser ; mais c’est ce qui arrive dans toute recherche expérimentale, et cette difficulté n’est pas plus grande à surmonter dans le cas actuel qu’elle ne le serait dans n’importe quelle recherche physiologique. C’est à l’expérimentateur à se placer toujours dans les mêmes conditions pour rendre ses expériences comparables. Si les périodes 5o, 6o, 7o, 8o peuvent à bon droit être considérées comme ayant la même durée dans chaque groupe de sensations, il n’en est peut-être plus de même de la période 4o ; celle-ci comprend en effet une série complexe d’actes cérébraux qui vont depuis la sensation jusqu’à l’idée d’un mouvement volontaire, actes cérébraux qui mettent en jeu un certain nombre, encore inconnu, de centres échelonnés entre les centres sensitifs purs et les centres moteurs, et dont le fonctionnement nous échappe. Ces centres agissent-ils de la même façon et dans le même temps pour toutes les sensations ? Il nous est impossible de l’affirmer. Cependant, à priori, les variations de durée, si elles existent, doivent être bien peu considérables, et nous pouvons, il me semble, quoique avec certaines réserves, admettre l’égalité de durée de la période 4o pour toutes les sensations :

Des considérations qui précèdent, on peut donc conclure, sinon d’une façon absolue, au moins avec un très grand degré de vraisemblance, que les périodes 4o à 8o ont une durée égale pour toutes les sensations.

Mais, pour les périodes 2o et 3o, il n’en est plus tout à fait ainsi. Rien ne nous dit que la transmission nerveuse se fasse avec la même vitesse dans le nerf optique et dans le nerf auditif, dans le nerf olfactif et dans un nerf tactile ; rien ne nous dit que l’excitation d’un centre cérébral gustatif prenne le même temps que l’excitation d’un centre cérébral visuel. On peut, à la rigueur, regarder la chose comme possible, comme probable même, mais non comme certaine, En tout cas, il n’en est plus de même si l’on considère la période 1o, celle qui correspond à l’excitation de l’appareil sensitif par l’agent extérieur.