des choses ; elle modifie et produit en partie ce qu’elle prévoit : elle est pour ainsi dire une prémotion.
Aussi nous concevons-nous plutôt dans l’avenir sous la forme de la liberté, tandis que nous arrivons par la réflexion et l’analyse à déterminer pourquoi nous avons agi de telle manière dans le passé. L’intelligence est à la fois le pouvoir de lier et celui de délier ; en pensant les choses du dehors, nous les lions, et la science même consiste dans cette liaison ; en les pensant du dedans et en nous, surtout en nous pensant nous-mêmes, nous pouvons nous délier en une certaine mesure par rapport à l’extérieur, mais en nous reliant toujours à quelque chose d’intérieur ou de supérieur. L’idée de l’avenir indéterminé tend ainsi à déterminer, dans le cours des choses, par une sorte d’interférence, une certaine indétermination partielle et relative, un certain équilibre qui peut amener la partielle dépendance des choses par rapport à notre pensée agissante, non plus seulement voyante ou expectante. Nous pourrions donc dire dans cette mesure, comme le Dieu de Bossuet : — Je ne pense pas les choses futures uniquement parce qu’elles seront, mais elles seront en partie parce que je les pense.