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degré de son activité, sa manifestation primordiale. Koch fait de cette théorie une critique sans grande portée ni grand intérêt ; pour lui l’énergie première, irréductible de l’âme est la conscience. — En passant, il attaque assez vivement la psychologie cellulaire de Hæckel ; il rejette également le monisme de Wundt, ainsi du reste que tout monisme la vérité est dans le dualisme. — Ulrici répond en quelques mots.

Th. Achelis : Exposé critique de la doctrine platonicienne des idées. — Cette étude est dirigée contre Zeller ; il n’est point, selon l’auteur, entré assez avant dans l’esprit de la philosophie platonicienne ; il lui a enlevé une partie de son immense valeur en en faisant un dualisme, en reléguant les idées loin de la réalité, dans un monde supérieur, où elles trônent, majestueuses, dans leur transcendante immutabilité, en négligeant leur παρουσία dans le monde d’ici-bas, et leur action formatrice qui donne l’être au non-être, la réalité à la matière. — Nous ne pouvons suivre l’auteur dans cette discussion, où il abonde un peu trop peut-être dans le sens de Lotze ; il montre que la fréquente obscurité et le vague de la théorie ont leur raison dans l’impuissance de la langue grecque à traduire ces idées ; il conclut en affirmant que le système de Platon est un monisme, encore naïf, où la matière et l’esprit sont deux côtés, deux manifestations de l’absolu ; c’est là l’esprit de sa doctrine, la grande conquête qu’il a faite pour le monde à venir.

Comptes rendus. Citons entre autres : Caspari, « Le problème de la connaissance (Breslau, 1881), assez maltraité par Ulrici ; — Bahnsen, « La contradiction dans la science et l’être du monde » (I. Berlin, 1880), que Rabus loue fort de l’éclat et de l’humour de son style, en le blâmant de jeter le discrédit sur la philosophie par sa désespérante doctrine ; — Otto Liebmann, « Analyse de la réalité » (1880), qui s’attire le reproche de semer de trop de fleurs sa pensée et son style, et de trop peu se soucier d’un enchainement sévère des idées.

Th. Weber. Critique de la théorie kantienne de la connaissance. Critique aussi médiocre que complaisamment développée (deux articles, 102 pages), faite à propos d’un article de Paulsen dans la Viertelj. für wiss. Phil. (1881, I). Celui-ci avait fait de la critique de Kant la base de notre philosophie future, dont le principe doit être la réduction à néant de l’au delà », des substances préconisées par tous les dogmatismes passés et usés. L’auteur relève le gant : il s’attaque à ce qui fait le fondement même de toute la philosophie Kantienne, sa théorie de la connaissance.

Provoquée par Hume, l’attention de Kant se porte sur l’origine de notre connaissance, qu’il soumet à la critique ; il ne voit dans l’intuition sensible qu’une pure réceptivité, à laquelle s’ajoute la spontanéité, l’activité de l’entendement, scindant ainsi arbitrairement l’unité réelle du sujet pensant. Il attribue à la pensée subjective les liaisons nécessaires, à priori, introduites dans les données empiri-