deviennent sensations et, de plus, causes de mouvement. Cette faculté de transformer un ébranlement, écrit l’auteur, de faire qu’un mouvement extérieur provoque un mouvement de l’organisme, constitue, à proprement parler, l’intelligence. Seulement cette intelligence peut être plus ou moins obscure, plus ou moins consciente. Elle acquiert son plus haut degré de développement chez les vertébrés supérieurs et chez l’homme ; mais c’est toujours le même phénomène essentiel : élaboration des excitations extérieures perçues, et transformation en un mouvement commandé » (p. 550).
La structure, la constitution chimique et le rôle de la substance nerveuse étant connus, on peut se demander comment agit cette substance, autrement dit, quelle est la nature de l’action nerveuse. Importante question et souvent discutée, mais entièrement physiologique. Toutefois, parmi les phénomènes qui accompagnent la vibration nerveuse, il en est un qui mérite une mention au point de vue de la philosophie scientifique c’est la modification électrique du nerf connue sous le nom de variation négative. Il est remarquable que cette modification se produit, quel que soit l’excitant du nerf, physique, chimique, ou physiologique. « Ce dernier cas, dit M. Richet, est spécialement intéressant, car il nous montre la transformation d’une force physiologique ou psychique en une force matérielle comme l’électricité » (p. 589). Aux phénomènes électriques qui accompagnent la vibration nerveuse s’ajoutent des phénomènes thermiques et chimiques. Enfin cette vibration se fait avec une certaine vitesse. Les lecteurs de la Revue philosophique sont à peu près au courant de cette dernière question, qui, résolue, a servi à résoudre la question de la durée des actes psychiques. — Mais c’est à ces données que se réduisent presque toutes nos connaissances sur la nature de la vibration nerveuse. Le reste n’est qu’hypothèse. On suppose comme explication tantôt une série de décompositions et reconstitutions chimiques se passant dans la continuité du nerf, tantôt un changement d’électricité se faisant de proche en proche, ou enfin une vibration moléculaire de nature spéciale. La dernière hypothèse, d’ailleurs plus favorable aux investigations, puisqu’elle se contente d’exprimer notre ignorance, sans essayer de la dissimuler, présente avec ce qu’on sait de l’action musculaire cette singulière analogie qu’elle repose sur le fait de l’irritabilité du nerf indépendante de la nature de l’excitant : la vibration se produit chaque fois qu’une force extérieure met en jeu l’activité du nerf.
Cette irritabilité, comme celle du muscle, ne dépend pas immédiatement du courant sanguin, nombre de faits et d’expériences le prouvent. À la vérité, le sang est nécessaire à l’exercice durable de la fonction, mais la fonction est propre au tissu nerveux. Ainsi le nerf reste excitable un certain temps après qu’on a produit l’anémie du membre qu’il innerve. De plus, chaque segment nerveux a une vie propre et, pour conserver son irritabilité, n’a pas besoin d’être relié aux centres ner-