ANALYSES ET COMPTES RENDUS
Charles Richet. — Physiologie des muscles et des nerfs. 4 vol. in-8o, 900 pp. Paris, Germer Baillière, 1882.
Personne, depuis l’illustre Bichat, ne conteste plus à l’anatomie générale une existence propre et indépendante. Existe-t-il aussi une physiologie générale, c’est-à-dire l’étude des parties élémentaires des êtres organisés, considérées comme possédant des propriétés communes, n’est-elle pas artificielle et illusoire ? La recherche des phénomènes vitaux en général et des fonctions auxquelles ils se rapportent, la détermination des lois fondamentales de l’organisation, sont-elles possibles ? Il est, depuis Claude Bernard, difficile de nier l’existence réelle de cette partie de la science biologique. L’ouvrage récent de M. le Dr Ch. Richet en serait, au besoin, une nouvelle preuve.
Ce livre est le recueil des leçons que l’auteur, en sa qualité d’agrégé, a professées à la Faculté de médecine de Paris pendant l’année 1881. On trouverait sans doute dans cette particularité l’explication de quelques oublis et de quelques défauts : l’ouvrage en effet prend parfois nécessairement des allures de traité élémentaire ; et ainsi sont exclues plusieurs études qu’on voudrait approfondies. C’est ce qui arrive, pour citer quelques exemples, pour la théorie cellulaire, pou : la théorie des actions nerveuses d’arrêt, pour la théorie de la mémoire considérée comme propriété générale de la substance nerveuse, pour celle de la volonté ramenée au mécanisme de l’action réflexe. Il y avait là matière à examen minutieux, à discussion ample, qu’on pouvait espérer de l’auteur, tout préparé à ce travail par son intelligence des questions philosophiques. — Les lecteurs de la Revue connaissent par expérience cette qualité de son esprit. — Sans doute ces études critiques étendues auraient ralenti la marche d’une œuvre d’enseignement. Mais comme on peut voir que d’autres fois M. Richet n’a pas craint de briser ce cadre un peu étroit on se demande naturellement pourquoi il n’a pas fait de même à des moments aussi propices. Son livre n’est donc ni un traité purement classique ni une œuvre de pure science.
Telle qu’elle a été réalisée cependant, cette œuvre est considérable ; non seulement on y trouve une masse d’expériences, d’observations, de