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paulhan. — l’obligation morale

ses efforts pour assimiler et subordonner les sciences morales et sociales aux sciences de la nature. »

La distinction entre les lois des phénomènes et les lois morales, me semble parfaitement juste et parfaitement claire. Il semble même difficile qu’on puisse ne pas la faire. Cependant j’ai peut-être paru moi-même confondre, dans ce que j’ai dit plus haut, les deux sens du mot loi. Je n’entends pas tout à fait comme M. Pillon la distinction des deux sortes de lois ; en outre je crois que cette distinction n’est pas absolue, en ce sens qu’on peut rêver un état peut être purement imaginaire, où les deux sortes de lois se confondent complètement.

Il existe, cela ne peut être nié, une certaine tendance à réaliser la loi morale. Supposons pour un moment que cette tendance arrive à être la plus forte et à renverser toutes les résistances, à s’établir et à régner définitivement, en un mot à être toujours obéie. Nous verrons que, si cette supposition ne se réalise pas, certains faits permettent cependant de s’en représenter la réalisation comme possible ; la loi morale sera une loi naturelle semblable à toutes les autres lois de la nature : elle exprimera comme elles, une fois l’habitude de certaines actes définitivement prise, un rapport constant entre des phénomènes. On voit comment les deux sens du mot loi se rejoignent. Nous appelons lois, soit les rapports nécessaires qui résultent de la nature des choses, soit des rapports imposés à certains êtres capables de les réaliser. La loi est l’expression abstraite d’un fait donné comme réel ou comme devant être réalisé. Or il peut arriver ceci : c’est qu’il résulte de la nature des choses que ce rapport primitivement imposé moralement, et qui n’est pas nécessairement accepté, finisse par l’être nécessairement et arrive ainsi à n’être, lui aussi, qu’une expression abstraite de la réalité. Remarquons d’ailleurs que la loi morale indique au moins l’existence chez l’homme du germe des dispositions nécessaires pour l’accomplir ; supposez que ce germe se développe suffisamment, la loi morale finira par être toujours appliquée ; en un mot, la loi morale tend à devenir une loi naturelle. Il me semble que l’instinct des animaux nous offre plusieurs exemples de cette sensation, il devient en quelques points au moins à peu près invariable : les abeilles ne changent plus la forme de leurs cellules, elles font des cellules hexagonales, cela peut s’exprimer sous la forme d’une loi, à la fois loi naturelle, puisqu’elle exprime un rapport nécessaire entre des phénomènes, et loi morale, parce qu’elle indique un but désirable à l’activité.

Cet instinct cependant, tout porte à le croire, ne s’est formé que par une lente cristallisation, par des tâtonnements innombrables. On pourrait de même imaginer un être supérieur qui serait à l’homme ce