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rieurement données dans l’organisme avec l’impulsion nouvelle imprimée par la volonté du magnétiseur.

M. Richet serait peut-être aussi porté à trop distinguer la « comédie vécue » des somnambules de la comédie composée par les auteurs dramatiques ou jouée par les acteurs. Les poètes ou les musiciens d’une organisation nerveuse très impressionnable ont positivement vécu les rôles qu’ils composaient ; Weber crut voir le diable après l’avoir évoqué dans sa musique ; Shelley avait aussi des hallucinations ; Flaubert (d’après M. Taine) avait à la bouche le goût de l’arsenic lorsqu’il décrivit l’empoisonnement de Mme Bovary ; la Malibran devait se confondre elle-même par instants avec Desdémone. Chacun de nous, dans le rêve, s’est également transformé en une autre personne humaine, ou même en un cheval, en un oiseau, etc. Jusque dans la vie éveillée, il y a toujours en nous, comme dans Maître Jacques de Molière, plusieurs personnages qu’un changement d’habit suffit à susciter successivement. Le timbre même de la voix, qui touche de si près à la personnalité, change souvent d’une façon notable lorsqu’on passe d’un rôle à l’autre, et telle personne n’a plus le même accent dans un salon qu’en famille. Si le proverbe « qu’on ne connaît quelqu’un qu’après avoir mangé un boisseau de sel avec lui » est éternellement vrai, c’est que, pour connaître quelqu’un, il faut lavoir vu successivement jouer tous les rôles de la comédie humaine. Il n’en est pas moins certain que, dans les personnages les plus divers, chacun garde l’ensemble des instincts héréditaires et des tendances acquises qui lui sont propres et qui constituent son individualité, son caractère. Que ces instincts passent à l’état latent et tout à fait inconscient (comme dans le rêve et le somnambulisme) ou restent vaguement conscients (comme parfois dans la veille), la chose est secondaire, pourvu qu’ils existent et qu’ils agissent. Maître Jacques restera toujours Maître Jacques, dans son rôle de cocher comme dans celui de cuisinier ; même s’il oubliait tout à fait le premier rôle en jouant le second, il ne perdrait pas pour cela tous les traits de son caractère moral, de son visage intérieur, pas plus qu’il ne transformerait absolument ceux de sa figure. On n’a jamais conscience de tout son être, et il est facile de comprendre que, dans certains cas de délire, cette conscience toujours très limitée se délimite encore plus étroitement, pour embrasser seulement le personnage provisoire qui vous est confié. Mais l’ensemble du caractère et de la personne subsiste encore dans la pénombre ; il demeure une cause constante de phénomènes intérieurs. Lorsque, dans le brouillard qui couvre la mer, un petit rayon de soleil, perçant un nuage, vient à tomber sur l’eau mouvante, le coin