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nouvelle (A) et semblable à la sensation première (A′) se produit, nous avons, par le mécanisme déjà décrit, la suggestion d’un objet situé à gauche (B). Mais nous ne pouvons pas dire en quoi l’impression nouvelle ressemble à l’ancienne ; la nature de cette ressemblance n’arrive pas jusqu’à la conscience, bien que la ressemblance existe et produise un effet mental ; et quand même nous aurions directement conscience que le signe local des deux impressions A et A′ est identique, nous n’aurions pas de mot pour exprimer cette identité et pour désigner séparément chacune des impressions qui se suivent dans une perception. Le langage suffit à peine à désigner les objets extérieurs que nous avons pratiquement besoin de distinguer les uns des autres ; il n’a point été fait pour nommer des sensations. De là l’impossibilité d’exprimer sous la forme de propositions verbales des raisonnements qui ont pour objet des sensations et des rapports entre des sensations.

Nous terminons ici cette étude, qui n’est, comme on peut le voir, qu’une esquisse. Nous nous sommes attaché à dessiner les grandes lignes de notre sujet, en oubliant volontairement les détails, dont le nombre est infini, C’est seulement à ce prix qu’on peut arriver à une vue d’ensemble. Notre conclusion sera cette définition du raisonnement, qui résume brièvement tout ce qui précède : « Le raisonnement consiste dans l’établissement d’une association entre deux états de conscience, au moyen d’état de conscience intermédiaire qui ressemble au premier état et qui est associé au second. »

Alfred Binet.