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SECRÉTAN. — la métaphysique de l’eudémonisme

nous n’entreverrions pas un fond de contradictions plus épais dans la supposition d’un Dieu méchant que dans la supposition d’un Dieu bête. Le Dieu méchant s’entendrait plus aisément, et le franc dualisme bien mieux-encore.

Une théorie sur les premiers principes ne saurait se légitimer à la façon des hypothèses dont il est fait emploi dans la science. On demande à ces dernières d’expliquer tolérablement les faits connus et d’être vérifiables par l’expérience. Moyennant ces deux conditions, elles sont admises provisoirement, jusqu’à ce que le progrès de l’enquête les ait élevées au rang de vérités scientifiques, ou les ait définitivement éliminées. Les théories de d’absolu ne comportent : pas de semblable vérification. Pour s’accommoder aux phénomènes, elles n’auront garde d’y manquer, étant imaginées à cette fin expresse ; mais les phénomènes comportent un nombre indéfini d’explications hypothétiques : toutes seraient donc également futiles, et, suivant la prescription du positivisme, il faudrait s’en abstenir tout à fait, s’il n’y avait réellement aucun moyen de choisir entre elles. Mais ce critère existe, quoiqu’il soit d’un emploi difficile et qu’il ne suffise pas à procurer la certitude proprement scientifique. Le critérium des hypothèses transcendantes doit être cherché dans leur source même, dans la nature et dans les besoins de la raison qui les inspire. C’est la loi d’unité, c’est l’affirmation a priori de la perfection, identique à la raison même, et qu’on discernera, si l’on y prend garde, dans ses opérations les plus élémentaires ; car enfin on ne cherche quoi que ce soit sans croire à la possibilité d’apprendre, c’est-à-dire à la vérité, on ne fait rien sans croire à l’ordre, à l’enchainement constant des effets et des causes ; or la vérité, l’ordre universel ne sont possibles et ne deviennent intelligibles que dans la réalité de la perfection. L’antiquité de ces vénérables axiomes n’en a point terni la splendeur.

Quelques esprits se plaisent à suivre ou à remonter le fil de leur propre pensée jusqu’à ce qu’ils trouvent une borne infranchissable, un commencement qui me puisse être que le commencement, une fin qui s’atteste irrécusablement comme la vraie fin. D’autres, et c’est le grand nombre, abhorrent un tel exercice. Les premiers sont les métaphysiciens. Hors de la perfection, ils ne sauraient trouver aucun repos. Ressort caché, dernier mobile de la pensée et de l’activité pratique, ceux sur lesquels l’attrait de la perfection agit peu s’arrêtent bientôt : l’attrait de la perfection, c’est la raison, νοῦς ποιήτικος.

La raison est donc optimiste, en vertu de sa constitution même, fatalement et malgré tout. L’évidence des sens et du cœur plaide