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tion d’un mouvement futur dans le mouvement présent et, en ce sens, elle est une force. Il importe de s’entendre sur le sens de cette expression. Sans revenir sur plusieurs questions que nous avons déjà traitées et sans en aborder d’autres que nous traiterons ailleurs, nous ne pouvons qu’indiquer (d’une manière bien incomplète) ce qui distingue les idées-forces des « causes transitives » de la scolastique, des « motifs automotifs » du criticisme, et des « motifs contemplatifs » du spiritualisme.

D’abord, nous n’entendons pas le moins du monde par force une espèce scolastique qui se promènerait d’une substance à l’autre ; nous prenons ce mot de force scientifiquement, comme formule mécanique de mouvement et comme sentiment psychique de tension. Les idées-forces ne sont donc pas, comme les entités du moyen âge, des abstractions réalisées ; elles expriment des phénomènes de conscience et des phénomènes de mouvement indissolubles, phénomènes parfaitement concrets, réels, objets d’observation et même, en une certaine mesure, d’expérimentation et de calcul. Les faits de conscience ont une intensité, un degré, une quantité, par cela même une durée provenant de ce qu’ils rencontrent un milieu résistant auquel ils appliquent une puissance ; ils supposent donc puissance motrice et force. L’expression d’idées-forces a pour but de marquer que le mental et le mécanique, la pensée et le mouvement sont inséparables. Les idées-forces ne sont pas non plus des motifs automotifs. Elles sont actives, sans doute, mais non en ce sens qu’elles pourraient se produire elles-mêmes, comme l’admet M. Renouvier ; elles sont actives en ce sens qu’une fois produites elles tendent à réaliser leur objet par la continuation même du mouvement dont elles sont le premier stade.

Maintenant, en quoi les idées-forces, qui se distinguent évidemment et des abstractions scolastiques et des motifs automotifs du criticisme, se distinguent-elles des motifs contemplatifs du spiritualisme ? M. Francisque Bouillier, dans sa Vraie Conscience, nous a précisément demandé ce qui les caractérise par opposition aux « motifs de l’ancienne psychologie ». La réponse n’est pas difficile.

1o Dans l’ancienne psychologie, on considérait essentiellement les motifs comme des modes de la substance spirituelle, tandis que nous réservons la question de savoir si les idées directrices sont des modes de l’esprit ou des modes du corps, ou même sont des modes quelconques. Nous les prenons à l’état de faits d’expérience. Nous ne retombons pas pour cela dans les entités, car, de ce que nous nous

    entière un devenir, tombe aussi tout entière, dans ce système, sous les lois du devenir, sous les lois de la relativité et de la nécessité.