mènes, 3o au mécanisme inerte et à « la torpeur » du matérialisme fataliste ; il faut assurer à la fois régularité et flexibilité indéfinie, action de la pensée sur soi et sur le dehors ; en un mot, on ne peut admettre ni une machine brute, comme dans le matérialisme exclusif, ni une machine miraculeuse, comme dans le criticisme phénoméniste, ni une entité vide, comme dans le spiritualisme ; nous voulons la vie avec son activité, avec ses lois, mais aussi avec son idéal, qui peut devenir le facteur de sa propre réalisation.
Cette dernière solution nous semble la seule compatible avec la science au point de vue psychologique. Quant au point de vue métaphysique, il demeure à part et au-dessus. Aujourd’hui, nous nous tiendrons dans le domaine de la pure psychologie ; nous ferons voir le nécessaire évolution qui, de la liberté d’indifférence, entraine la pensée à la liberté créatrice de motifs, puis de celle-ci, simple apparence provisoire, au déterminisme mécaniste, enfin à un déterminisme dynamiste et vivant, synthèse du naturalisme et de l’idéalisme. Nous ne voyons pas pour le psychologue de position possible en dehors de ces quatre hypothèses, auxquelles toutes les autres conceptions psychologiques viennent logiquement se réduire. La grande objection des partisans du libre arbitre aux déterministes est : — Vous paralysez la volonté ; et la grande objection des déterministes aux partisans du libre arbitre est : — Vous paralysez l’intelligence. — Nous croyons qu’on peut maintenir ensemble au point de vue psychologique l’intelligence et la volonté, la science et l’action. Au moyen de cette conception synthétique, on éviterait à la fois l’argument per absurdum opposé par le déterminisme au libre arbitre, et l’argument paresseux qui fait le fond de toutes les objections au déterminisme.
I. — La liberté d’indifférence et le libre arbitre dans l’indéterminisme spiritualiste.
La liberté d’indifférence étant devenue aujourd’hui insoutenable, l’effort des partisans du libre arbitre consiste à distinguer ce dernier de la liberté d’indifférence, c’est-à-dire de l’arbitraire, qui est lui-même ou moralement indifférent ou immoral. Échapper à l’indifférentisme sans admettre le déterminisme, tel est le but de tous les arguments psychologiques proposés soit par l’éclectisme spiritualiste, soit par le criticisme[1].
- ↑ Les raisons mécaniques ou logiques en faveur de la liberté morale, que nous avons précédemment étudiées, nous ont semblé, par leur nature même et indépendamment de leurs partisans, des « expédients » philosophiques, parce