tout si l’on met en scène deux interlocuteurs bègues dont chacun ignore l’infirmité de l’autre.
Généralement, lorsque le bègue est guéri, sa timidité disparaît et fait même place à une certaine insolence de jet vocal, comme s’il tenait à faire dûment et authentiquement constater par tout le monde qu’il m’est plus bègue.
L’ouvrage de M. E. Colombat est un traité complet d’orthophonie et comprend même un chapitre sur la physiognomonie. Il est composé d’une façon assez bizarre ; les chapitres chez lui s’appellent des notes, notes didactiques, notes sur la prophylaxie orthophonique, notes sur la synthèse orthophonique, notes annexes. Ce qui prouve bien le solide mérite de l’ouvrage, c’est que, malgré l’imperfection de la forme, on le lit avec intérêt. Il y a là une contribution utile pour la pédagogie et pour la psychologie.
Marquis de Seoane. — Philosophie elliptique du latent opérant. Pentanomie pantanomique ou loi quintuple universelle. Francforts. -M., Rommel ; Paris, Kincksieck. 1879-81. 2 vol. (En français et en allemand.)
Il y aurait de l’ingratitude à ne point savoir gré aux gens de nous offrir leurs œuvres traduites en notre langue. Quoique les textes français et allemand de la Philosophie elliptique que nous avons sous les yeux nous semblent bien moins intelligibles que doit l’être le texte original, même pour des Français ou des Allemands qui ne sauraient point l’espagnol, ce n’est pas une raison pour méconnaître la délicate et toute gracieuse attention de M. le marquis de Seoane. Le portrait de l’auteur, qui orne le fontispice de l’édition franco-allemande, est peut-être le plus précieux commentaire du Pentapantanomisme, ou Pentanomie pantanomique. L’homme d’action, dont le premier article de foi est de croire en soi, le praticien vieilli dans la jurisprudence, habitué aux raisonnements abstraits des mathématiciens et des légistes, paraît ici sous les traits les plus fortement accusés qui se puissent voir. Le droit, la politique et les mathématiques, telles sont les qualités maitresses du noble sénateur. Subtilités de juriste, distinctions de procureur, images empruntées au civil et au criminel, aux dispositions législatives, aux lois, et surtout au glaive et à la balance, voilà ce qu’on distingue à chaque pas dans une forêt de syllogismes et de ratiocinations scolastiques.
Philosophe, M. le marquis de Seoane ne l’est devenu que par occasion. « J’avais toujours eu du goût pour cette science, » nous dit-il ; mais sa spécialité est la jurisprudence. Il n’a pu voir sans peine que la philosophie n’était encore qu’à l’état de l « alchimie » et de l’ « astrologie » judiciaire, une pure « logomachie », un « anthropomorphisme puéril ». Il se donna donc pour mission de découvrir un principe qui, en l’approchant de la perfection des sciences mathématiques, fit de la philosophie une science véritable. « Voilà, dit naïvement l’auteur, voilà quelle a été notre