ciles. Je ne parle pas de ceux que l’auteur par euphémisme dit manquer de docilité intellectuelle, c’est-à-dire d’intelligence, mais de ceux qui ne sont pas disposés à obéir, soit par suite de leur nature rétive, soit à cause de leur inertie ou de l’indifférence qu’ils montrent à se corriger, soit enfin parce qu’ils ont été découragés précédemment par l’emploi inutile de procédés irrationnels. Le maître doit s’efforcer de leur inspirer confiance, lui montrer les résultats obtenus chez d’autres, lui faire voir les inconvénients pour lui et pour ceux qui l’entendent de son infirmité, enfin employer s’il le faut immédiatement le rythme, qui amène une amélioration instantanée et donne bon espoir. S’il obtient la docilité, ce n’est pas seulement le vice de la parole qu’il se sera mis en mesure de guérir, il aura amélioré du même coup le caractère moral. En effet, dans cette lutte constante contre son infirmité, le bègue aura acquis des qualités dont on comprendra l’importance en les mettant en parallèle avec les vices de celui qui n’aura pas su se plier à la méthode. « N’ayant pas le courage de lutter contre son infirmité, il s’abandonne et s’isole peu à peu ; la négligence, la paresse, l’insouciance le dominent, et demain, avec ce relâchement du caractère, arriveront les habitudes vicieuses, l’ignorance, une timidité exagérée, qui n’est plus alors que la honte de lui-même. » Le tableau est un peu chargé, mais doit être fidèle dans certains cas.
Chose remarquable, l’éducation orthophonique est plus rapidement et plus solidement accomplie chez les adultes que chez les enfants. Il semblerait pourtant que, les habitudes vocales étant moins enracinées chez l’enfant, il dût guérir plus vite ; il n’en est rien, et de nombreux exemples le prouvent, parce que le traitement exige une persévérance dans le travail, une somme d’attention, un esprit de comparaison dont les adultes sont plus capables que les enfants. De même, on obtient de meilleurs résultats chez les personnes pauvres et qui n’ont reçu qu’une instruction rudimentaire que chez les personnes instruites et des classes aisées. Les bègues ouvriers sont mieux préparés à la continuité d’un effort physique et s’abandonnent plus volontiers aux leçons du professeur. Le riche n’a pas la même dose d’énergie musculaire, est moins confiant, et son instruction même est parfois une cause accélératrice du bégaiement. « Chez eux en effet, les idées étant plus abondantes et le jet grammatical plus prompt, l’influx nerveux se produit avec une plus grande rapidité et donne à l’appareil vocal des courants d’une intensité plus déréglée. » Il en est enfin qui boudent en quelque sorte contre leur vice de parole et semblent redouter d’être surpris en flagrant délit de discipline orale.
Le nombre des bègues proprement dits, tel qu’il est établi par les statistiques, est relativement peu considérable ; on a calculé qu’il y en a 3 environ sur 5,000 habitants. Cela donnerait pourtant pour la France : un chiffre de plus de 22,000. Il vaut la peine qu’on s’en occupe.
La statistique nous amène à un aveu humiliant pour le sexe fort : c’est que les femmes ont la langue beaucoup mieux pendue que les