symboliquement le fond absolu des choses… Puisqu’en ce monde nous ne pouvons avoir une conscience directe et adéquate du mode d’existence supra-sensible, nous devons nous en donner autant que possible une conscience indirecte, symbolique, en réalisant ici-bas les rapports qui représentent le plus fidèlement ce qui existe dans le fond supra-sensible des choses[1]. » Notre vie présente doit exprimer par des actes symboliques la liberté absolue. — Mais que savons-nous de notre existence supra-sensible ? — « Nous ne pouvons nous en faire aucune idée déterminée, et la raison en est que toute détermination disparaît avec le monde sensible. Mais nous pouvons dire qu’il resterait de nous tout le fond de notre nature spirituelle, c’est-à-dire le vouloir et la pensée, sans aucune succession ni diversité en nous, sans aucune distinction entre les individus[2]. » C’en est assez pour que nous puissions affirmer « que ces actions seront bonnes et auront symboliquement une valeur absolue, qui représenteront d’une part l’unité absolue de l’âme humaine dans la diversité de ses facultés, d’autre part l’unité absolue des âmes dans la diversité des personnes. De là le principe de nos devoirs envers nous-mêmes : repousser tout ce qui fait obstacle à la conscience et à la liberté, s’attacher à tout ce qui les développe et les fortifie, ramener autant que possible notre existence sensible à notre existence supra-sensible et pour cela développer nos facultés, dans la mesure où elles sont l’expression de notre existence intellectuelle. De là aussi ce principe de nos devoirs envers nos semblables : ramener le plus possible la diversité des âmes humaines à l’unité des âmes en Dieu ; par conséquent, se mettre à la place d’autrui et mettre absolument autrui à la sienne. D’où l’on tire le principe évangélique : « Faites aux autres ce que vous voudriez qui vous fût fait à vous-mêmes[3]. » On ne peut séparer les devoirs envers soit des devoirs envers autrui. Rechercher le bien-être par vanité, travailler à sa propre perfection par orgueil, étendre ses connaissances par ambition personnelle, ce n’est pas agir moralement. La culture orgueilleuse et intéressée de soi-même laisse l’homme dans le monde sensible, dans les illusions de l’égoïsme. Ce que nous devons honorer en nous par le soin du corps comme par la science et par l’art, c’est l’esprit pur, en qui moi et autrui sont identiques. « Notre vrai devoir envers nous-mêmes, c’est de nous affranchir de tout ce qui nous empêche d’honorer l’esprit pur dans nos semblables, et de nous mettre dans l’état qui nous permet
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SÉAILLES. — philosophes contemporains