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SÉAILLES. — philosophes contemporains

Le problème psychologique est double, il comprend deux questions différentes qui ne peuvent être résolues que par des méthodes distinctes. On peut se demander d’abord à quelle loi est soumise la succession des états de conscience dans un même homme. L’homme est considéré alors comme un phénomène, comme un objet. Dès qu’on parle d’un objet de pensée, on parle de ce qui est étendu, soumis aux formes de la sensibilité[1]. « Il n’y a qu’un ordre de phénomènes, les phénomènes externes, attendu qu’il ne peut y avoir de changement que dans l’espace[2]. » Etudier la succession des états de conscience, c’est donc étudier le corps. Est-ce à dire qu’on ne puisse maintenir la distinction des faits internes et des faits externes ? « Nous pouvons donner aux faits qui s’accomplissent dans notre organisme le nom d’internes en ce sens qu’ils tombent immédiatement sous la conscience, tandis que nous appelons externes les faits du monde extérieur proprement dit, c’est-à-dire ceux qui ne tombent sous la conscience que par l’intermédiaire des modifications de notre corps. Les faits qui nous sont propres (c’est-à-dire qui tombent immédiatement sous la conscience) ont deux faces, l’une tournée vers le dedans et soumise à l’observation psychologique, l’autre tournée vers le dehors et soumise à observation physiologique. Il n’y a pas interruption brusque quand on passe du désir de remuer la main au mouvement de la main. La psychologie en ce sens n’est pas la science d’une espèce particulière de faits ; son domaine est le même que celui de la physiologie : seulement elle étudie les faits par celle de leur face qui tombe sous la conscience, c’est-à-dire qu’elle les étudie du dedans, tandis que la physiologie les étudie du dehors[3]. »

Toute succession de phénomènes est soumise à des lois, la méthode inductive s’applique en psychologie comme en physique ; mais, si les procédés sont analogues, les résultats ne peuvent être aussi rigoureux. La succession des états internes n’est que la succession des états externes vus du dedans ; comme nous n’avons par la conscience qu’une connaissance confuse de l’organisme, la liaison des états de conscience qui correspond aux modifications de organisme ne peut être rigoureusement déterminée. Ce qui fait l’infériorité de la psychologie, « c’est qu’elle est, comme la physique, une science de phénomènes extérieurs, sans pouvoir, comme elle, les saisir sous la forme qui les rend intelligibles, celle du mouvement dans l’espace[4]. »

  1. Psych., leç. XXVIII.
  2. Log., leç. XII.
  3. Log., leç. XIII.
  4. Log., leç. XII.