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LÉVÊQUE. — l’esthétique musicale en france

« Une invocation respectueuse suit cet ordre du grand prêtre et part des basses, du basson, de l’alto et du second violon…

« Le premier violon semble gémir en priant.

« Après ces quatre mesures religieuses, un forte répète : devant les dieux prosternons-nous, mais en fa majeur et non plus en ré mineur.

« La dévotion redouble, et une sainte tristesse l’accompagne. »

Un passage important de l’allegro en ré mineur est expliqué ainsi :

« Pendant que les basses, les clarinettes et le basson disent si, si, si, si, ut bécarre, si, apercevez-vous l’agitation des violons ?

« Haydn ne soutient cette agitation dans les premiers violons que pendant deux mesures, mais elle continue dans les seconds pendant toute la période.

« Pourquoi renonce-t-il à ce mouvement à l’égard des premiers violons ? Pour leur donner des cris syncopés dans les notes aiguës, pendant que, par des tenues, ces mêmes cris deviennent une espèce de prière harmonieuse dans les instruments à vent. »

Ce procédé de personnification est porté au dernier degré de hardiesse dans la description psychologique de la seconde moitié de la première partie du finale :

« Il fallait ici passer du forte au piano. C’est pourquoi nous voyons se taire tous les instruments à vent, et même toutes les basses.

« Le premier violon semble s’interroger et répondre à l’une des propositions contenues dans le contre-sujet dont la vérité paraît contestée. Tous les personnages de cette grande scène écoutent d’abord cette partie en silence, hors les seconds violons et l’alto, qui répondent par des monosyllabes, tels que fort bien, ou non pas.

« Les violoncelles et le basson viennent ensuite défendre la proposition attaquée par ces mots qu’ils répètent : fa dièse, sol, la, si, ut bécarre, etc. Tous prennent part à la dispute ; l’attaque et la défense causent une agitation violente dans la synaulie ; chaque exécutant semble armé d’un glaive. La synaulie et les contre-basses animent les combattants par des affirmations qui encouragent les uns et irritent les autres.

« Il en résulte, pendant huit mesures, une mêlée savante et tn choc terrible produit par un art admirable.…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Les chefs des nombreux personnages mis en mouvement semblent dire qu’on aurait pu éviter les excès auxquels on vient de se livrer.

« Un calme voisin de l’attendrissement laisse parler la sensibilité