Une revue rapide de l’histoire de la philosophie depuis Thalès, est destinée à montrer le combat du réalisme et du nominalisme avec leur victoire alternative. Le nominalisme a triomphé, en fait, avec Descartes, qui pose l’être pensant individuel, avec Locke, qui pose l’être sentant individuel. Pendant que la philosophie s’avançait de plus en plus dans cette voie, la science en suivait une autre, celle du relationisme, et construisait sur cette base un édifice stable toujours grandissant. Si donc la science a raison, la philosophie est un rêve de malade ; si la philosophie a raison, la science n’est qu’une immense illusion. On peut bien prédire que ce n’est pas la science qui changera.
La théorie de la philosophie scientifique enseigne que la connaissance est une corrélation dynamique du sujet et de l’objet, qu’elle a deux origines dernières, le monde et l’esprit, qu’elle suppose une action du monde sur l’esprit, une réaction de l’esprit sur le monde, que les « choses en soi » sont en partie connues, en partie inconnues ; que la possibilité de toujours vérifier par l’expérience les rapports découverts est une preuve d’un cosmos nouménal connu, suffisant pour définir la connaissance objective. La science est donc le contraire du nominalisme. La philosophie aujourd’hui encore est scolastique.
Le subjectivisme a créé en philosophie un nouveau genre de scepticisme. La doctrine de la relativité de la connaissance repose assurément sur une vérité évidente (que la connaissance est un rapport entre le connaissant et le connu) ; elle signifie que l’homme ne connaît pas tout, mais non qu’il ne connaît pas ce qu’il connaît : une connaissance non relative serait une contradition in adjecto. Mais cette vérité incontestable n’a rien de décourageant pour la science et n’ébranle en rien la solidité de ses acquisitions. L’objectivisme scientifique s’appuie consciemment ou inconsciemment sur le relationisme. Son principe fondamental est la loi de vérification objective, — la connaissance doit se conformer aux choses : et le corollaire de cette loi, c’est l’inséparabilité des phénomènes et des noumènes.
Quoique foncièrement subjective, la philosophie moderne tend cependant, à l’occasion, vers une autre voie, avec le sens commun des Écossais, le réalisme naturel de Hamilton, le réalisme raisonné de Lewes, le réalisme transfiguré de Spencer, les thèses réalistes d’Uberweg. C’est dans cette voie que doit se résoudre le problème de notre siècle : « Comment identifier la science et la philosophie en rendant la base, la méthode et le système de la science philosophiques, et la base, la méthode et le système de la philosophie scienufiques ? »
Th. Davidson. La perception. — Ce problème est fondamental en philosophie ; chaque système prend son caractère de la manière dont il essaye de le résoudre. Cet article est surtout critique et donne comme conclusion la définition suivante de la perception : C’est « l’intuition d’une sensation (feeling) comme rapport d’activité et de passivité entre deux existences dont chacune a cet acte permanent que nous appelons être. L’intuition donc et non l’identité est l’essence de la perception. »