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ANALYSES. — ROMANES. Animal Intelligence.

deurs qui correspondent bien à l’étendue des correspondances de l’être avec son milieu, soit enfin qu’on trouve un moyen de comparer entre elles sous le rapport de la précision les diverses représentations d’un même fait, comme le progrès des idées mathématiques permet de le faire pour les notions des sauvages.

En attendant, on est forcé de s’en tenir à des faits types bien choisis et exactement contrôlés. La règle de M. Romanes est de ne rapporter que ceux qui émanent des hommes compétents, de savants qui savent voir, ou, à leur défaut, que ceux qui sont affirmés par des personnes connues, dont les noms certifient le témoignage. Il ne semble pas qu’aucun ouvrage général existant présente sous ce rapport autant de garanties.

Quant à la division adoptée pour chaque chapitre, elle est claire et exempte de toute subtilité systématique. Lorsque le groupe étudié est peu intéressant, les subdivisions se restreignent : ainsi le chapitre des poissons ne contient que les sous-titres suivants : émotions ; habitudes spéciales ; intelligence générale. Mais ces mêmes cadres sont susceptibles de se déployer en un tableau à compartiments multiples quand la matière est plus abondante. Ainsi les fourmis et les abeilles sont étudiées en deux longs chapitres (pp. 31 à 498 sur 498), qui sont construits sur le même plan et offrent des paragraphes assez nombreux. 1o Portée des sens spéciaux. 2o Sens de direction. 3o Mémoire. 4o Émotions. 5o Moyens de communication. 6o Habitudes générales aux espèces diverses (Essaimage, Élevage, Éducation, Pucerons, Esclaves, Commensaux favoris, Sommeil et propreté, Jeux et Repos, Habitudes funéraires). 7o Habitudes particulières à certaines espèces (Section des feuilles par les amazones, Fourmis agricoles, Atta, Certaines fourmis africaines, Fourmi des arbres de l’Inde, Fourmi mellifère, Ecitons, Annomie arcens). 8o Intelligence générale des diverses espèces. 9o Anatomie et physiologie des centres nerveux. Cette distribution est commode sans aucun doute et facilite beaucoup la lecture. Mais quand on songe que, de son propre aveu (Préface, p. vi), l’auteur vise à une classification systématique des faits psychiques dans l’animalité, on ne peut s’empêcher de trouver que cet ordre laisse quelque peu à désirer, malgré ses avantages pratiques.

Ainsi on ne voit dans la division adoptée nulle trace de la correspondance établie par Spencer entre les représentations et les volitions, et, pour employer des mots plus concrets entre l’intelligence et la conduite.

Il nous semble que ces deux groupes de phénomènes mis en face l’un de l’autre s’éclaireraient d’une vive lumière, en raison de la simplicité de leurs rapports. Les émotions formeraient un troisième groupe, intermédiaire entre les deux autres ; et parmi les émotions il y aurait à distinguer les émotions produites par le fonctionnement sérieux de celles qui accompagnent le jeu, ces dernières étant l’objet de l’esthétique animale. Maintenant chacune de ces trois activités, intellectuelle, pratique, émotionnelle et esthétique, lorsqu’elle se manifeste dans la vie sociale, donne lieu à des phénomènes nouveaux, le langage (moyen de commu-