mortels. » La philosophie et la vie de Comte offrent, selon lui, une parfaite unité.
La première partie de son livre a surtout un caractère historique et anecdotique. C’est un plaidoyer pour Comte et contre M. Littré, que M. Poëy attaque avec une violence dont la seule excuse est dans la sincérité et l’ardeur du culte qu’il a voué au maître.
La deuxième partie présente un intérêt plus sérieux. M. Poëy reconnaît que Comte a changé de méthode, qu’il place sa Philosophie sous l’empire de l’objectivité et de l’intelligence, et sa Politique sous l’empire de la subjectivité et du cœur. Mais : 1o Comte lui-même nous avertit de ce changement dès le premier volume de sa Politique positive ; 2o il avait le droit de changer ainsi, ou plutôt il n’a changé qu’en apparence. Au fond, il a concilié la méthode objective et la méthode subjective. La méthode objective absolue, qui procède du dehors, au dedans, du monde à la vie, tourne à l’idiotisme ; la méthode subjective absolue, qui procède du dedans au dehors, de la vie au monde, tourne à la folie. Comte a donc eu raison de combiner ces deux méthodes.
Mais comment les a-t-il combinées ? Et, avant tout, qu’est-ce au juste que cette méthode « subjective » qui semble consister tantôt dans le sentiment, que l’on déclare seul vraiment apte à faire des synthèses, tantôt dans le procédé qui va du complexe au simple, comme en biologie et en sociologie, tantôt enfin dans la régression de l’homme au monde ? C’est ce que nous avouons n’avoir pu démêler à travers la polémique passionnée de M. Poëy contre M. Littré.
Dans le dernier chapitre de son ouvrage, l’auteur critique le Plan d’un traité de sociologie de M. Littré. Il y relève notamment, avec toute sorte d’épigrammes, l’excès de complication et l’abus du néologisme.
Adolphe Coste. — Dieu et l’âme. Essai d’idéalisme expérimental. Paris, Reinwald.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire, surtout en voyant l’auteur prendre son point de départ, à l’exemple de Descartes, dans la conscience, de cet idéalisme qui prétend que non seulement notre nature, mais celle de tous les êtres, peut être déterminée par les données de l’expérience interne. Tout autre est le point de vue de M. Coste. Chez lui, c’est l’objet qui façonne le sujet. Il n’y a originellement dans l’homme que des sensations, et tout s’explique d’abord en nous par la seule expérience sensible. Mais peu à peu les expériences s’accumulent se transmettent et se transfigurent par le langage, auquel l’auteur attribue un rôle prépondérant dans la formation des idées. De la dans la pensée humaine un progrès dont les notions d’absolu, de parlait,