Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée
50
revue philosophique

pour la notion de personnalité ; 2o  que l’explication substantialiste n’est pas réellement une explication. La substance n’est ni nécessaire, ni suffisante : on peut se passer d’elle, et elle ne sert à rien.


I


Ce ne sont pas seulement les spiritualistes qui soutiennent que sans une substance on ne peut concevoir la personnalité. Léon Dumont accepte cette opinion. Herbert Spencer fait de même. Stuart Mill, de son côté, admet sinon une substance, au moins un lien entre les phénomènes, lien sur la nature duquel il ne s’explique guère.

Comment la conscience peut-elle être une s’il n’y a pas une substance qui réunisse les phénomènes ? Voilà une première objection ; M. Janet l’a présentée, M. Léon Dumont également. L’autre objection est tirée de la possibilité de la mémoire. Dans l’une, on considère le moi à un point de vue statique ; dans l’autre, on le considère au point de vue dynamique. Examinons-les toutes deux.

« L’unité du moi, dit M. Janet, est un fait indubitable. Toute la question est de savoir si cette unité est une résultante ou un fait indivisible. Mais si l’unité du moi est une résultante, la conscience qui nous atteste cette unité est aussi une résultante ; et c’est bien ce que l’on soutient non seulement dans l’école matérialiste, mais encore dans l’école panthéiste. Mais c’est ce que l’on n’a jamais prouvé, ni même expliqué. Car comment admettre et comprendre que deux parties distinctes puissent avoir une conscience commune ? Qu’une individualité tout externe puisse résulter d’une certaine combinaison de parties, comme dans un automate, je le comprends ; mais un tel objet ne sera jamais un individu pour lui-même, il n’aura jamais conscience d’être un moi… L’unité perçue par le dehors peut être le résultat d’une composition, mais non pas quand elle se perçoit elle-même au dedans. »

Écoutons maintenant M. Léon Dumont : « Les positivistes, en général, rejettent toute notion de substance et n’admettent entre les faits élémentaires que des rapports de succession et de coexistence. Or, avec des sensations coexistantes et successives, on peut bien construire un ensemble ou un total susceptible d’être aperçu objectivement, comme on aperçoit un tas ou un amas quelconque ; mais on ne rend pas compréhensive la conscience subjective de l’indivi-