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Allemagne qu’une vogue de très courte durée, produite en grande partie par une sorte de réaction contre l’idéalisme outré des hégéliens, car l’idéalisme dépourvu de critique ne saurait pas non plus être la vraie philosophie allemande.

Fichte et Hegel sont aujourd’hui présentés aux étudiants comme des Génies d’une influence funeste, qui, ayant méconnu l’esprit véritable de Kant, ont retardé de plus de quarante ans l’essor définitif de la philosophie allemande. Aujourd’hui, l’hégélianisme ne compte plus que des représentants dispersés, qui se consacrent presque tous à l’histoire de la philosophie. Herbart, dont l’école a été si florissante, n’a plus guère de disciples que dans la pédagogie. En revenant, avec Lange, à Kant, en entreprenant avec lui la critique scientifique de la Critique de la raison pure, encore embarrassée de dogmatisme, l’Allemagne semble avoir retrouvé sa véritable voie philosophique. À vrai dire, il n’y a plus guère aujourd’hui de kantiens proprement dits, c’est-à-dire de philosophes qui défendent dans toutes ses théories particulières le système du maître. On trouve plutôt au delà du Rhin des philosophes et des savants, qui, tout en restant animés du plus pur esprit kantien, cherchent par la critique de la plupart des idées de Kant à déterminer plus rigoureusement la vraie part de l’a priori dans la connaissance humaine. La théorie de la connaissance de M. Wundt est un nouvel effort dans ce sens. Nous avons dû nous contenter d’en exposer la partie dogmatique et seulement dans quelques-uns de ses traits principaux. Mais la partie critique, dirigée en grande partie contre Kant, mériterait d’être connue. Peut-être fera-t-elle l’objet d’une prochaine analyse.

H. Lachelier.