Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/541

Cette page n’a pas encore été corrigée


ANALYSES ET COMPTES-RENDUS


L. Ollé-Laprune. — De la certitude morale (Paris, Belin, in-8o, 1880.)

La certitude morale, dans le langage de tout le monde, est une croyance vague et impuissante à se justifier : on est bien peu certain de ce dont on n’est que moralement certain. Dans le langage des philosophes, la certitude morale est celle qui repose sur des témoignages et qui s’applique à des vérités historiques. Ce n’est d’aucune de ces deux manières que l’entend M. Ollé-Laprune. Pour lui, la certitude morale est uniquement celle qui s’attache aux vérités morales. Il ne craint pas de rectifier ici l’usage et de donner à ces mots ce qu’il appelle « le grand sens ». Les vérités de l’ordre moral peuvent se ramener à quatre : le devoir, la liberté, l’existence de Dieu, la vie future. Chercher la nature, l’origine, la valeur de l’adhésion que nous donnons à ces grandes vérités, montrer qu’il s’agit bien de certitude, et non pas seulement de croyance, établir qu’elles valent celles de la science, indiquer cependant leurs caractères propres et les mettre à leur rang, voilà le but que l’auteur s’est proposé.

Une telle entreprise exigeait d’abord une théorie générale de la certitude : M. Ollé-Laprune nous l’a donnée. Comme il est aisé de le prévoir, la volonté est pour quelque chose dans la certitude morale : il était donc essentiel de marquer en traits précis quelle part il faut lui faire : c’est l’objet d’un second chapitre. L’auteur arrive ensuite à la foi morale proprement dite : c’est le point culminant de son œuvre. Cependant des philosophes tels que Pascal, Maine de Biran, Kant, Fichte, Hamilton. Mansel, abondent dans le sens de M. Ollé-Laprune plus qu’il ne veut lui-même et font la part de la foi trop grande au détriment de la raison : l’auteur expose et réfute leurs théories. D’autres tombent dans l’excès contraire et déprécient la foi plus qu’il ne convient : MM. Cournot, Herbert Spencer, Stuart Mill, Bain, sont à leur tour pris à partie. Une mention particulière et un chapitre spécial étaient bien dus au criticisme contemporain, peut-être à cause du nombre toujours croissant des partisans qu’il recrute, certainement en raison de l’originalité et de la puissance des œuvres de son chef, M. Renouvier, qui a si profondément étudié la question dont s’occupe M. Ollé-Laprune. Enfin