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stance et les axiomes physiques qui en dérivent, comme nous allons le voir. C’est aux axiomes physiques que la science cherche à rattacher les lois mécaniques d’abord, et toutes les lois de la nature ensuite. Ces derniers axiomes dérivant des éléments non hypothétiques du concept de Substance, c’est en développant, en enrichissant ce concept que la science peut espérer découvrir un jour les prémisses évidentes par elles-mêmes, auxquelles toutes les lois de la nature sont logiquement subordonnées. Or nous savons que l’hypothèse de Substance, elle aussi, est soumise à une évolution continuelle, à un progrès dont le terme reculera toujours. Un grand nombre des éléments qui y sont réunis sont imparfaitement déterminés, un grand nombre d’autres restent à découvrir.

Au terme de son développement, l’hypothèse de Substance devra contenir sur l’essence de la matière un ensemble de propositions ayant un caractère d’évidence et de nécessité, c’est-à-dire telles que les principes logiques et les nécessités de l’intuition nous contraignent à les admettre et à repousser toute proposition différente comme non pensable et non représentable. La méthode que suit la Pensée, dans la découverte et la détermination des éléments du concept de Substance, est analogue à celle qu’elle adopte à l’égard des lois de la nature, c’est-à-dire que ces éléments sont d’abord découverts et déterminés avec l’aide de l’expérience, et n’ont, en principe, que la valeur empirique d’hypothèses que toutes les expériences et toutes les observations confirment. Mais si la science parvient ensuite à démontrer que les axiomes logiques et les axiomes de l’intuition imposent à l’esprit la nécessité d’admettre ces éléments, ils acquièrent alors le double caractère d’être vrais à priori et de ne pouvoir être contredits par aucune expérience avenir. Ainsi le principe de la simplicité des éléments matériels, qui ne s’est fait jour dans l’expérience que lentement, après une longue lutte contre les affirmations contraires, résulte pourtant d’une application nécessaire du concept d’Espace au concept de Substance. L’élément le plus simple qui nous soit donné dans l’Espace est, en effet, le point, le point géométrique, indivisible, déterminé par trois coordonnées. Les éléments de la Substance, que nous sommes obligés de nous représenter étendue dans l’Espace, seront donc nécessairement des points ou se comporteront les uns à l’égard des autres comme des points. La science est ainsi conduite à admettre des points physiques tout aussi indivisibles et immuables que les points géométriques, mais ayant sur ceux-ci L’avantage d’être sinon sensibles, au moins représentables. M. Wundt explique de même, par une application des propriétés de l’Espace aux propriétés de la Substance, les deux autres qualités évidentes par elles-