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nement logique, bien imparfait encore, de leurs lois. La méthode de ces sciences consiste ordinairement à déterminer d’abord ces lois d’une manière purement expérimentale, et à les relier ensuite à des lois plus générales. Ainsi la loi du pendule, découverte d’abord par l’expérience, a été plus tard déduite, comme une conséquence nécessaire, des lois de la chute des corps. Mais la science possède un certain nombre de lois, qui ont pu être d’abord obtenues par une déduction logique et qui ont été vérifiées, seulement plus tard, à l’aide de l’expérience. Telle est par exemple la lof du mouvement parabolique des projectiles. Cette loi, en effet, a pu, avant toute expérience, être déduite à priori de la loi d’inertie et de la loi de la chute libre des corps ; plus tard, elle a été confirmée, mais d’une manière seulement approchée, par l’expérience. Ces exemples font connaître le but que se propose la physique moderne ; il consiste dans une réduction de toutes les séries régulières de phénomènes ou lois, à un enchaînement continu de prémisses et de conséquences[1]. Il faut seulement pour l’atteindre un progrès infini, qui n’est réalisable que dans un temps infini. Le but des sciences physiques est en même temps celui de toutes les sciences, car la science humaine est profondément une. Mais le plus grand nombre des sciences s’en trouve encore incomparablement plus éloigné que la mécanique et la physique mécanique. Les plus imparfaites, en ce sens, sont sans contredit les sciences naturelles, et plus que toutes les autres les sciences biologiques. Une certaine subordination logique des lois n’y est pas absolument impossible ; mais jamais il n’y est possible de passer des lois connues à des lois nouvelles, sans l’aide de l’expérience, parce que des conditions inconnues peuvent toujours intervenir, à cause de l’infinie complexité des phénomènes, et modifier profondément les résultats attendus. Ces sciences se contentent de la nécessité empirique, rendue seulement plus forte par l’analogie avec les sciences plus avancées et par la certitude que Tordre logique, s’il n’est pas établi partout, est au moins partout possible.

Il reste maintenant adiré quelques mots du point de départ de ces enchaînements logiques de lois. Si ce point de départ ne peut être autre chose qu’une loi connue seulement par l’observation et l’expérience, et n’ayant d’autre avantage que celui d’une plus grande généralité, on pourra toujours se demander si les lois, qui en sont déduites ne participent pas, dans une certaine mesure, à son caractère empirique. Et alors que deviendra la nécessité absolue exigée par la science ? M. Wundt est obligé de reconnaître que, dans l’état actuel

  1. La causalité n’est autre chose que cet enchaînement.