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ch. richet. — du somnambulisme provoqué

Est-ce à dire que, malgré la pauvreté de ces effets, il n’y ait aucune action sur l’organisme ? Non assurément. En effet, si l’on recommence le lendemain la même tentative, on arrivera beaucoup plus vite au même résultat. Alors que le premier jour il a fallu quinze minutes, je suppose, pour amener un certain état de torpeur, le second jour il faudra dix minutes, cinq minutes le troisième jour, etc., pour aboutir au même point. Il s’est donc fait une certaine modification du système nerveux ; il y a eu comme une habitude prise, qui rend le somnambulisme beaucoup plus facile et plus rapide après une série de séances antérieures que tout à fait au début. Cela met en pleine évidence ce fait que, même sans avoir pu produire le sommeil complet, les passes ont agi notablement sur le système nerveux.

Il arrive même le plus souvent qu’une première expérience n’aboutit pas ; mais jamais il ne faut se décourager, car les deux ou trois premières expériences ne sont que préparatoires. Le sujet est devenu plus excitable et plus sensible, de sorte qu’il sera très vraisemblablement endormi à une des séances postérieures. Je crois même pouvoir affirmer qu’en faisant cinq ou six expériences consécutives (c’est-à-dire à un jour ou deux de distance) on sera assuré d’obtenir, à la fin, un état de somnambulisme du second degré, quelle que soit la personne sur qui l’on expérimente.

Enfin, il est bon de remarquer que les personnes agitées, nerveuses, sujettes à l’insomnie, sont calmées, en général, par les passes magnétiques. Il m’a semblé que, même alors qu’il n’y a pas production immédiate de sommeil, dans la nuit qui suit l’expérience, le sommeil ordinaire est calme et profond.

Si, au lieu d’employer des passes, on cherche à provoquer le sommeil par la fixation du regard sur un objet brillant, on obtient aussi quelques résultats : le larmoiement, la congestion de l’œil, l’éblouissement, la fatigue de la rétine, tous phénomènes qui font disparaître les images sur les côtés du champ de la vision. La main qui tient le bouton devient indistincte, le bouton lui-même s’efface, la personne qu’on veut endormir devient plus ou moins insensible à la douleur.

Un autre signe objectif important, sur lequel MM. Heidenhain et Grützner ont appelé l’attention, est une sorte de contracture du muscle ciliaire. La distance à laquelle s’étendait la vision diminue. Par suite de cette contraction exagérée du muscle de l’accommodation, une écriture qu’on pouvait lire de loin n’est plus distinguée que de près. Les points éloignés disparaissent du champ de la vision. En même temps que la myopie, on voit survenir la dilatation de la