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h. lachelier. — théorie de la connaissance.

mots le problème que M. Wundt se propose de résoudre dans sa Théorie de la Connaissance. Nous voulons, dans cette étude, examiner seulement comment sont conçues par le philosophe allemand les catégories de Substance et de Cause. Indiquons d’abord, en quelques mots, les caractères de la Pensée logique, ses lois principales, ses rapports généraux avec le contenu de l’expérience.


II


L’expérience interne fournit à la pensée des représentations et des concepts qui se forment et s’enchaînent les uns aux autres, suivant des lois régulières. En face de ces « résultats » de l’évolution psychique se trouve l’élément à priori de la connaissance, la Pensée Logique[1]. Il s’agit de savoir comment la Pensée Logique pourra s’appliquer à ces données. Pour comprendre en quoi consiste le travail de l’esprit, il importe de ne pas se représenter la Pensée Logique comme un ensemble de lois toutes formulées (principe d’identité, etc.) auxquelles doivent se conformer les lois du monde extérieur, ni même comme un système de formes auxquelles toute expérience doit s’adapter. Il faut la concevoir comme une activité. M. Wundt la définit souvent : « une activité unifiante[2]. » Ce que nous appelons « les Lois de la Pensée » n’est autre chose que l’expression d’un certain nombre de fonctions actives, qui ne donnent naissance à des lois formulées qu’au contact de l’expérience. Par exemple, étant donnée une représentation, un objet, la Pensée reconnaît son existence et le pose égal, identique à lui-même. Le principe d’identité, A = A, est formé. Si deux objets différents sont donnés, la Pensée les opposera l’un à l’autre, les déclarera distincts : A n’est pas non-A. C’est le principe de contradiction[3]. La troisième fonction de la Pensée est celle de la classification des concepts. La formule en est : A est ou bien B, ou bien non-B, toute autre hypothèse étant exclue[4]. Enfin la quatrième fonction, la plus importante de toutes, celle qui domine toute la science, est ce pouvoir qu’a la Pensée de passer d’une égalité ou d’une identité à une autre, et d’affirmer que, si l’on a A = B et B = C, on a par là même A = C. Le principe auquel

  1. Das logiscle Denken.
  2. Eine verknüpfende Thätigkeit.
  3. Satz des Widerspruchs.
  4. Satz des ausgeschlossenen dritten.