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soient perçus distincts est inversement proportionnel à la finesse de la région rétinienne où les images viennent se peindre. Citons un chiffre. On a pu constater que, lorsque les images se font surl’équateur de l’œil, elles ne se distinguent que si les fils sont cent, cinquante fois plus écartés que lorsqu’ils se peignent sur la tache jaune de la rétine. L’explication de ce phénomène est la même que celle donnée pour la perception tactile. Nous percevons l’image comme simple ou comme double suivant ; que les rayons lumineux diffusés par les deux fils ont excité des éléments rétiniens doués d’une sensibilité uniforme ou d’une sensibilité différente : car, dans le premier cas, les deux sensations rétiniennes se sont fusionnées, et dans le second cas elles sont restées distinctes.

La fusion peut se faire entre une sensation et une idée ; en voici un exemple, que j’emprunte à Alexandre Bain[1] : « Quand nous regardons la pleine lune, nous recevons instantanément l’impression de l’état qui résulte de l’addition des impressions que le disque de la lune a déjà faites sur nous… L’opération s’accomplit si rapidement que nous n’y faisons pas attention. »

Alfred Binet.

  1. C’est, si je ne me trompe, le seul endroit où M. Bain ait eu l’occasion de parler de la loi de fusion (Sens et intelligence, p. 419).