au juste s’il s’agit de l’individu ou de la généralité de l’espèce. Supposons que les règles de conduite aient pour but de conduire au bonheur en général. À l’égard de ces règles, le critique pose deux questions : 1o Avons-nous une conception nette de cette société idéale, qui nous permette de formuler un système de règles ? 1o En quelle mesure ce système nous permettrait-il de nous conduire dans les conditions actuelles de notre vie sociale ? M. Sidgwick soutient qu’en construisant sa société idéale, Spencer n’a pas montré une imagination réellement scientifique. Si l’évolution doit nous conduire à l’état social que Spencer nous prédit, nous avons à passer auparavant par bien des intermédiaires, et on n’y arrivera « que par l’humble et imparfaite méthode empirique que M. Spencer peut avoir le droit de mépriser, mais pour laquelle il n’a pas encore trouvé un substitut efficace. »
Le Dr Ward a publié sur le libre arbitre une série d’articles dans le Dublin Review depuis 1874 jusqu’en 1880. Ces articles, à la fois polémiques et dogmatiques, sont consacrés à combattre le déterminisme de Stuart Mill et de Bain et à établir les propositions suivantes : Il y a dans la doctrine du libre arbitre deux doctrines impliquées : 1o la doctrine de l’indéterminisme ; 2o la doctrine de la causalité des actes humains. La première est une doctrine psychologique, la seconde une doctrine métaphysique. — M. Shadworth Hodgson, dans une longue critique, combat les thèses de Ward, qui font de la liberté et de l’âme des entités. « La bataille entre l’indéterminisme el la théorie rivale n’est qu’un cas de conflit général entre la philosophie empirique et la philosophie analytique. »
Le même numéro contient sous le titre « Notes et discussions » une nouvelle réplique de Ward aux arguments de Bain.
F. Galton. Statistique sur la représentation mentale des images visuelles. — Le but poursuivi par l’auteur est « d’établir les variétés naturelles de disposition mentale dans les deux sexes et les diverses races. » L’objet de ce mémoire particulier est la représentation visuelle mentale (mental imagery). Avec quel degré de vivacité les personnes peuvent-elles se présenter les scènes familières et en général les choses qu’elles voient ? Telle est la question posée. — L’auteur, au début de ses recherches, a constaté, à son grand étonnement, que la plupart des savants lui ont affirmé que cette « représentation visuelle » n’avait aucun sens pour eux, qu’ils employaient ce mot comme une simple métaphore ; en un mot, qu’ils étaient privés d’une qualité mentale sans s’en douter. — Au contraire, en interrogeant des gens du monde, des femmes et des enfants, M. Galton a constaté qu’ils avaient une vue intérieure des objets, bien distincte et « pleine de couleurs ».
Pour procéder avec méthode, il a dressé un questionnaire et l’a adressé d’une part à 100 hommes adultes « dont 12 sont des membres éminents de la Société royale », d’autre part à l’un des professeurs de Charterhouse, qui a examiné d’après les indications de Galton ses petits élèves, au nombre de 172. L’auteur donne des tableaux et des