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science tend à se produire, si par exemple une excitation extérieure tend à déterminer une sensation ?

Toute sensation est le produit de deux facteurs, l’excitation extérieure et l’état de l’organe qui reçoit cette excitation. Il y a d’abord une sorte de concurrence entre les excitations extérieures, et celles-là seules auront chance de déterminer dans l’organe la modification voulue, qui arriveront jusqu’à lui. Parmi celles qui se trouveront dans ces conditions, il y en a sans doute qui ressembleront davantage à celles qui auront déjà excité l’organe et déterminé en lui une certaine constitution moléculaire.

On comprend, dès lors, que l’organe ou les organes de la sensation recevront avec plus ou moins de facilité ces diverses excitations, selon qu’ils auront été disposés par les expériences antérieures. Pour qu’il y ait sensation, il faut que l’excitation extérieure détermine un mouvement moléculaire qui parvienne aux centres nerveux, et il sera d’autant plus facile à l’excitation extérieure de déterminer un tel mouvement qu’elle ressemblera plus aux excitations qui, ayant précédemment ébranlé l’organe, l’auront habitué à vibrer d’une certaine manière. Il résulte de là que, la puissance de l’esprit et la plasticité des organes n’étant pas infinies, si plusieurs excitations tendent simultanément à déterminer des modifications de l’esprit et du cerveau, les excitations habituelles ou celles qui leur ressemblent le plus parviendront plus facilement et plus vite à déterminer la sensation. Elles éveilleront en même.temps par association, plus ou moins vivement, les impressions qui les accompagnaient le plus souvent. Les excitations externes ou internes qui tendraient à produire des effets différents, gênées ou étouffées par ce double conflit, ne seront pas perçues ou ne le seront que très vaguement.

Toutefois d’autres causes que l’habitude peuvent, en modifiant l’état des organes, favoriser telle ou telle excitation, telle ou telle tendance.

La force ou la violence peuvent faire triompher une impression ; il suffit qu’elle soit assez grande pour triompher de la résistance offerte par les organes. Encore faut-il que l’organe soit adapté en quelque manière à l’excitation qu’il reçoit, c’est-à-dire qu’il ait une certaine habitude de cette excitation ou des parties qui la composent. Seulement, une excitation moins habituelle et beaucoup plus forte qu’une autre excitation plus habituelle peut l’emporter sur cette dernière.

L’attention est encore un grand secours pour une excitation. L’attention en effet s’accompagne d’un afflux de sang dans les parties du cerveau qui fonctionnent ; la nutrition de ces parties aug-